Chillerama
6.1
Chillerama

Film DTV (direct-to-video) de Joe Lynch, Adam Rifkin, Tim Sullivan et Adam Green (I) (2011)

Chillerama est un hommage ultra généreux à l’esprit des drive in, en proposant sous forme de film à sketch un programme de deux heures qui varie les plaisirs et les influences avec un sens de la démesure tout à fait approprié aux ambitions. Monstre géant, zombie, détournement d’icones (Frankenstein surtout), tout y passe dans Chillerama, pour un spectacle certes réjouissant mais qui peine à tenir sur la longueur. Malheureusement, il semble que si on parle d’hommage grindhouse aujourd’hui, le sexe semble l’élément le plus redondant dans les thèmes qui sont abordés (présent pratiquement dans tout le film, à l’exception du troisième segment). Et les blagues qui tournent en dessous de la ceinture, ça fait rire 5 minutes, mais on ne peut décidément pas espérer passer à la postérité en tapant toujours dans ce registre. C’est probablement la faiblesse de Chillerama, qui derrière son hommage revendiqué aux péloches horrifiques allant des années 30 jusqu’au années 80 (il y a même un hommage scatophile à John Waters), peine à maîtriser la vulgarité de son humour, tournant beaucoup autour de paupaul. Le premier segment, Wadzilla, est probablement le meilleur. Avec son histoire de spermatozoïde mutant, nous avons droit à un remake du Blob en mode sperme assez… grossier, mais qui respecte bien l’univers très série B auquel il s’attaque (avec des effets spéciaux calamiteux pour le monstre géant, dommage de ne pas avoir été plus professionnel). Mon coup de cœur de la sélection. Le segment suivant, I was a teenage werebear, est un hommage gay aux films des années 50 sur la plage avec des passages en mode comédie musicale. Hommage très gay, puisqu’entre les attirances de notre héros envers les blousons de cuir et le design très queers des ours garou (vous voyez comment ils sont habillés dans la boite hard d’Irréversible ?), on perçoit immédiatement les clins d’œil que le film lance. Avec ce gros mélange de genre intriguant et finalement pas indigeste (c’est nanar comme prévu, et globalement, la vulgarité baisse un peu), c’est un petit moment de what the fuck plaisant, quoiqu’un peu long. Le troisième, the diary of Anne Franckenstein, est un hommage à Mel Brooks assez réjouissant dans l’idée, et probablement le meilleur segment objectivement en termes d’hommage. Mais l’hommage va plutôt vers Mel Brooks que vers le Frankenstein susnommé. Il faut par là comprendre que l’humour est vraiment celui de Mel Brooks, un truc qui oscille entre le lourdingue et l’absurde en osant tout, que ce soit bon ou mauvais. Ainsi, nous avons Hitler qui se lance dans la fabrication de l’arme absolue ! Une créature faite de bout de corps de juifs reconstitués qui finit par tout casser, dévastant les décors en carton plâtre comme dans Spaceballs. Bel hommage, mais comme chez Mel, dès qu’on n’adhère plus, c’est un ennui pesant qui s’installe. Le dernier est un hommage pour le moins fécal, qui joue avec du caca. On pensait déjà qu’on était tombé au plus bas avec Wadzilla, mais là, on passe sous la barre des – de 7 ans. Vulgaire et finalement pas très drôle, c’est l’épic fail du film. L’histoire qui relie les segments, une invasion de zombie violeurs (Gang Bang ! pour ceux qui connaissent ^^), est sympathique pour certains de ses personnages, mais au final, on ne s’intéresse plus vraiment à ce qu’il se passe, l’humour se faisant plus rare ou plus sommaire (les zombies sodomisent tout ce qui leur tombe sous la main, alors, si vous n'êtes pas lassé au bout de deux minutes...). Dommage que cette baisse de rythme soit ressentie à la fin du film, le spectacle avait matière au départ à rassembler les nostalgiques. Hommage honnête, mais loin d’être irréprochable.
Voracinéphile
6
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le 26 janv. 2014

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