Derrière ce titre d'une sobriété exemplaire se cache une pépite. Ce genre de film qu'on pourrait sans peine comparer à un diamant parfaitement taillé par un joaillier de génie, 50 ans de métier au bout de sa micro lime.
Chinatown ne se passe pourtant pas à Chinatown. Tout le long il en sera question mais uniquement la scène finale y sera tournée. Le mot "Chinatown" agit en fait comme une épée de Damoclès, une caisse de résonance qui orbite autour du personnage principal Mr Gittes, interprété par Jack Nicholson pré-Vol au dessus d'un Nid de Coucous.
Mr Gittes détective privée spécialisé dans les adultères et plutôt grande gueule se fait phagocyter par une affaire qui très vite le dépassera, avec comme unique point de départ un vol d'identité. S'ensuit un polar noir comme l'ébène et brillant comme une Buick 1937.
Il faut savoir qu'après le succès mondial de Rosemary's Baby et la carrière mirobolante qui lui était toute tracée, Polanski a une nouvelle fois été (sa famille a été décimé à Auschwitz) victime d'un horrible évènement. En août 69, sa femme, enceinte, et quelques uns de ses amis sont assassinés par La Famille, la secte de Charles Manson. Dur.
Chinatown marque son grand retour, après ces années noires où le moral atteignait le négatif, bien qu'il ait continué vaille que vaille de produire des films.
Tout dans Chinatown frise la perfection. Que ce soit Nicholson transcendant dans son regard et ses piques d'humour géniales, que ce soit l'écriture, aussi soignée qu'on imagine bien le scénariste fou -Robert Towne, piégé dans son récit sans faille- que ce soit cette réalisation, tour à tour crépusculaire ou intimiste rendant certaines séquences aussi puissantes qu'un tir de blaster.. Je l'admets sans conteste, Chinatown est bien l'un des meilleurs policiers de tous les temps, surpassant L.A Confidential et autres adaptations d'Ellroy. Suprême.
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