A la différence des polars "néo-noirs" reprenant les codes du film noir mais situés dans la période moderne, "Chinatown" se situe bien dans le Los Angeles de la fin des années 30, comme les classiques du genre. Et comme le laissent entendre son générique avec sa police rétro, ou la première réplique du film portant sur des persiennes "installées le matin même", Polanski accueille ce genre à bras ouvert !


On s'intéresse ainsi à un détective privé, engagé pour une banale affaire d'adultère, qui va mettre le doigt dans une conspiration autour des réserves d'eau de Los Angeles. Un scénario excellentissime, d'ailleurs largement salué par la profession, qui dévoile petit à petit une machination et des personnages troubles... tout en demeurant parfaitement compréhensible, ce qui n'est pas toujours le cas dans les films noirs... Tout va ainsi se dénouer dans un tourbillon qui deviendra de plus en plus sombre, jusqu'à un final d'une noirceur sans pareil.


Jack Nicholson est impeccable dans ce rôle de détective nonchalant au passé chargé, et dont les quelques valeurs morales vont être exacerbées par l'affaire. Outre Faye Dunaway en femme fatale classieuse, il y a l'idée géniale d'avoir embauché John Huston, qui a lui-même posé les bases du film noir, et qui incarne ici un homme d'affaire des plus nauséabonds.


Visuellement, Roman Polanski nous délecte. Si le réalisateur joue avec les ombres et quelques scènes nocturnes, "Chinatown" est bien souvent filmé sous une lumière éclatante, parfois crépusculaire, pour évoquer l'aspect désertique de Los Angeles. Mais aussi le fait que la vérité est sous nos yeux, et qu'il suffit de fouiller un peu pour la dénicher. Tout ceci à travers des compositions parfaitement découpées, avec plans somptueux et scènes mémorables à la clé, et une BO sobre mais inquiétante de Jerry Goldsmith.


"Chinatown" est en résumé un très bel hommage, qui se hisse sans mal (voire surpasse) les classique du genre.

Créée

le 1 août 2020

Critique lue 99 fois

4 j'aime

Redzing

Écrit par

Critique lue 99 fois

4

D'autres avis sur Chinatown

Chinatown
Thaddeus
10

Les anges du péché

L’histoire (la vraie, celle qui fait entrer le réel dans le gouffre de la fiction) débute en 1904. William Mulholland, directeur du Los Angeles Water Department, et Fred Eaton, maire de la Cité des...

le 18 sept. 2022

61 j'aime

2

Chinatown
Mr-Potatoes
10

«Un pour tous, tous pourris»

Tous les fornicateurs/libertins/échangistes/politiciens d’expérience vous le diront : « Une c’est bon, deux c’est meilleur ! ». Riche de ce sage enseignement, c'est une critique non pas sur un mais...

le 6 oct. 2015

48 j'aime

5

Chinatown
Sergent_Pepper
7

Noir of the worlds

Visiter l’Amérique et y tourner ne suffisait pas à Polanski : se frotter au mythe du Nouveau Monde impliquait aussi d’aller investir les terres, au propre comme au figuré, de sa mythologie. De retour...

le 9 déc. 2020

28 j'aime

3

Du même critique

Athena
Redzing
7

Les Trois Heures du Condé

« Athena » semble avoir divisé son public. Entre ceux qui y ont vu enfin un film français flamboyant à la mise en scène ambitieuse, et ceux qui ont pointé du doigt un film vide de sens, destiné à de...

le 29 sept. 2022

33 j'aime

4

Sisu - De l'or et du sang
Redzing
7

Finnish him !

A travers cette histoire d'orpailleur vagabond harcelé par les Nazis, Jalmari Helander livre un hommage assumé au premier Rambo, dont il reprend la structure narrative. Ici, notre homme est un ancien...

le 29 mai 2023

23 j'aime

3

Le Dernier Mercenaire
Redzing
2

Et pourtant il l'avait prédit...

En 2001, alors qu'il fait la promo de "Replicant", Jean-Claude Van Damme est invité sur un plateau télé français. Il expose, dans un franglais plus ou moins cryptique, les principes de ce qui...

le 30 juil. 2021

18 j'aime

15