ARMour ofzzzZZzZZzZzzzZZZz GOD !!
Bon, je me suis d'abord dit "je lui met 7 et j'explique pourquoi c'est une note exagérée mais que je me dois de lui mettre 7", et puis en fait, je me suis rappelé des deux précédents et je me dois quand même de lui mettre un 6, me disant que je n'aurais plus à me justifier d'une quelconque surnotation... quoi que...
On peut dire qu'il s'est fait attendre celui là. En tout cas moi je l'ai attendu grave. Adorant les deux premiers Armour of God, à savoir le très bon "Mister Dynamite" et l'excellent "Opération Condor", et to-tale-ment fan de Jackie Chan en qui je vois un des survivants majeurs, fidèle à lui même, d'un cinéma d'action dépérissant, je dois dire que la bande annonce de ce troisième opus, j'me la suis matée en boucle pendant un bon bout de temps. Alors ? Bah alors nan, pas vraiment. Le charme n'est plus vraiment là, l'ambiance est tiraillée, épuisée, les gags se sont mués en une espèce de spectacle de parc d'attraction noyé dans une imagerie aussi dégueulasse qu'écoeurante de couleurs cheap.
Bref, c'est d'la merd... mais nan putain nan ! Ce film, s'il se rapproche plus d'un "Contre-Attaque" ou d'un "Who Am I" que des deux précédents, arrive tout de même tant bien que mal à retrouver le fameux cocktail James Bond - Indiana Jones caractéristique à la série, montrant une bonne volonté certaine à faire autre chose que du Rush Hour ou autres trucs débiles purement hollywoodiens dans lesquels Jackie s'est longtemps perdu.
Mais le problème de ce film, c'est son rythme mal maîtrisé, au bord du soporifique, pour ne pas dire totalement merdique.
Après la scène d'intro qui dépote, montrant la fameuse combi-roller dernier cri transformant Jackie en skateboard humain passe-partout, glissant entre les balles sifflantes et les roues des camions comme une anguille mécanique, directement enchaînée par une scène d'infiltration plus que plaisante dans la pure tradition du genre, bourrée de petites cascades cools et de gags rigolos bon enfant, le film délaye n'importe comment et se perd dans une escapade aventureuse aux teintes gerbantes.
Voilà Jackie Chan sur une terre perdue à l'imagerie hybride entre un mauvais jeu vidéo et une illustration de pub pour la dernière version pack îles aux pirates Playmobil... c'est moche... mais passons. Cette séquence fait oublier la sensation savoureuse du début, cette sensation que les deux heures de film ne se feront pas sentir. Si clairement, ça va se sentir... Ce n'est plus de l'action marrante et loufoque, ce n'est plus que du loufoque, mais pas marrant. Et les décors sont moches (mais ça je l'ai surement déjà dit). Bref. L'aventure continue et on a bien l'impression de n'être que devant de la pure déception quand tout à coup, on entre dans le dernier tiers du film. Et là c'est marrant, c'est comme si les acteurs, pris par le temps, se rendaient soudainement compte qu'ils n'avaient encore rien foutu de bien. Et paf, rien que pour ce qu'ils nous servent, une fight scène vraiment jouissive à l'ancienne dans un décor rappelant fortement le final d'Opération Condor, rien que pour ça, ce film mérite plus de la moyenne. C'est le Jackie Chan d'il y a 20 ans qu'on voit gesticuler à l'écran comme un singe dopé à la nytro, dans des combats aux chorégraphies martiales dans la vogues des films de l'acteur, fondantes d'une savoureuse nostalgie, toujours bien créatif pour rendre ses galipettes aussi spectaculaires que jubilatoires et fendardes. Le gars donne tout ce qu'il a, part dans tous les sens en risquant toutes les deux secondes comme à l'accoutumée de se briser ceci ou de s'exploser cela, et on oublie très vite qu'il a 58 piges. D'ailleurs, rien que d'y penser là, ça me laisse pantois.
Il s'accroche partout, tabasse des types avec poings, pieds, tête, caisses en bois, parapluies, appareils photos, barres de fer, saute et virevolte en défiant les lois de la gravité avec l'aisance qu'on lui connait et putain, quel plaisir de le retrouver dans une scène aux combats aussi punchy que lisibles, donnant une belle leçon simple et sans prétentions aux productions hollywoodiennes.
Alors non, ce film n'est pas le retour ultime de Jackie tant annoncé. Non il ne tient pas une seconde la comparaison avec les précédents films de l'acteur aussi charismatique que fortement attachant et complètement barré, non ce n'est clairement pas un bon film, ni d'aventure (trop moche), ni de cascades (rythme trop chaotique), ni même pour les gosses (trop long et lent), mais ce n'est en rien due à la prestation de Jackie Chan qui lui reste absolument parfait, tant dans son personnage que dans ses mouvements de malade, offrant un final explosif nous rendant, l'espace de quelques minutes perdues, un gars génial qui nous avait salement manqué. Et moi, ce type, quand il apparaît à l'écran, il me file le sourire et me remonte le moral direct. Ce type, je l'trouve excellent, en tant qu'acteur et en tant que personne. Et il est vraiment cool dans ce film qui n'arrive hélas pas à en tirer profit. Dommage.
Mais moi j'aime quand même.
(et je n'saurais exprimer ma hâte de retrouver sa bonne trogne dans Expendables 3)