Le film est un biopic (infidèle) de la vie de Rafael Padilla, qui le premier artiste de couleur noire à s'être exercé en France au début du XXe siècle. Il fit équipe avec Footits, joué par James Thiérée, l'Auguste blanc, dont le rôle était, vulgairement de botter les fesses du nègres sous les yeux du public.
C'est sur la gloire du duo, qui fit se gondoler des salles de cirques entières, mais aussi sur leur chute, en particulier celle de Chocolat, qui en avait assez de jouer la victime noire, et il a voulu se faire prendre au sérieux, en jouant Othello au théatre, ce qui va être un désastre.
J'aime bien quand le cinéma me fait découvrir une personnalité que je ne connaissais pas, en l'occurrence Rafael Padilla, que joue très bien Omar Sy, et dont on on voit que sa personnalité est plus troublée qu'il ne le laisse paraitre. Mais j'avoue que le personnage qui m'intéresse le plus est Footits, que joue James Thiérée, le petit-fils de Charlie Chaplin, car il est lui aussi mystérieux, à la limite antipathique, car il a en quelque sorte son esclave sur lequel il peut se défouler sur scène, et une possible homosexualité refoulée. C'est celui qui fait marcher le duo, et dont son étoile va elle aussi pâlir face aux intentions de Chocolat de faire cavalier seul.
C'est sans compter sur la présence saugrenue d'un noir dans la France des années 1910, qui inspire de la crainte, de la peur, voire du dégout, ce qui est très bien montré dans le film. Avec une jolie scène où, lors d'une dédicace à un enfant, celui-ci va vouloir toucher la peau de Chocolat.
C'est vraiment ce qu'on peut appeler une belle réussite, excellente distribution, superbes décors, auquel on peut juste regretter la patte du réalisateur Roschdy Zem, et une fin un petit peu rapide, où Rafael Padilla, dit Chocolat, finira dans la déchéance totale.
Ceci étant dit, le film se voit avec grand plaisir, et fait découvrir un drôle de destin.