Il fallait l’intelligence de Carpenter et la verve de King pour change la voiture en allégorie du désir tout-puissant à l’œuvre dans le premier amour adolescent : ou comment changer la disgrâce d’un corps en pleine transformation en potentiel de séduction par le biais d’un miroir diabolique. Car la voiture est tout à la fois la projection des rêves du protagoniste, un moyen de s’affirmer auprès des autres mais avant tout auprès de soi-même, un pacte signé avec le Diable. Faust contemporain qui troquerait sa soif de savoir par une envie de jouissance sans fin, Arnie fait l’erreur de confondre sa personnalité avec la facilité et facticité d’une identité déjà fabriquée, dont l’artisan démoniaque ne trouve de définition que par sa longévité (ouverture à Détroit dans les années 50). L’occasion pour John Carpenter de montrer qu’il en a sous le capot – cinématographiquement parlant – et de livrer, par la même occasion, l’une de ses œuvres les plus folles et les plus abouties. Les séquences de traque électrisent le spectateur parce que leur metteur en scène a su bâtir un véritable suspense, une attente qui soudain laisse place à l’accélération cardiaque. Cette logique n’est autre que sexuelle : après des préliminaires où nous faisons connaissance avec les personnages, où l’intrigue se met en place, la route vers l’extase. Vrombissante Christine.