Avant que ce ne soit ce film dont les affiches françaises ont pour slogan cet affreux "L'abus de superpouvoirs est dangereux la santé", j'avais lu à propos de Chronicle sur un site de news.
En lisant le pitch du film de superhéros en caméra portée, je trouvais que c'était une idée à la con.
En voyant le trailer, je trouvais toujours que c'était une idée à la con. Voire davantage, car sans me souvenir vraiment du trailer, me souviens qu'il m'a laissé une impression négative, que ça présentait quelque chose de brouillon et aussi naze que ça pouvait l'être avec une base pareille.
J'ai depuis été surpris, et du coup intrigué, par de nombreuses critiques positives sur le film. Mais je ne l'aurai peut-être pas vu si on ne m'avait pas proposé d'aller à une avant-première.

Le film ne m'a pas aidé à surmonter ce blocage avec ces conneries à la caméra portée. Faudrait dire à tous les réalisateurs d'arrêter, de ne plus essayer de faire de films comme ça, que c'est juste une mauvaise idée qui ne rend pas un film plus réaliste, et qui requiert souvent de faire des entorses à la logique. Encore, à l'époque de Blair witch, je peux comprendre l'intérêt de cette façon de filmer, les gens croyaient encore que c'était réel.
Dans Chronicle, on se demande quel idiot décide sans raison de filmer partout où il va, et aussi pourquoi il décide d'acheter une grosse caméra HD pour faire ça. C'est pas discret, mais il l'emporte à l'école, se fait tabasser avec, et paraît creepy auprès des pom-pom girls. Pourquoi ne pas avoir pris une petite caméra SD ? Bien mieux pour le stalking. (testé et approuvé :) )
Les personnages ont beau dire à Andrew, le héros, que son projet de tout filmer est bizarre, ce n'est pas en pointant du doigt cette défaillance dans la logique du film que ça fait disparaître ce défaut.
Comme Andrew n'est pas doué d'ubiquité (oui, ça ne fait pas partie de ses superpouvoirs), il faut quelqu'un d'autre pour filmer là où il n'est pas là. C'est là qu'intervient une autre fille qui doit souffrir de la même maladie grave qu'Andrew, car elle aussi filme tout. Même quand elle ouvre la porte de chez elle (pour filmer le cousin d'Andrew, important dans l'histoire), il y a la caméra posée juste à côté et tournée dans le bon angle. Elle est atteinte par cette folie de tout documenter au point de garder la caméra en main même quand elle tombe de la Needle Tower. Le plus extraordinaire, c'est qu'elle garde la caméra bien droite, sans la faire trembler ni la détourner. Eh bah.
Oui, dans ce film, tout est toujours bien disposé pour qu'on voie tout ce qu'il faut. Quand les trois protagonistes tombent du ciel, ils tombent, comme c'est pratique, juste dans le champ de la caméra.
Il y a certains trucs pour lesquels on se demande aussi, en plus du comment, pourquoi les personnages les ont laissé être filmés. Comme quand le père se dispute avec son fils, lui reprochant notamment d'avoir acheté une caméra à 500$, tandis qu'il se fait filmer par cette même caméra.
C'est ridicule la plupart du temps les excuses trouvées par les scénaristes pour justifier la présence d'une caméra. Dans l'hopital, un policier dit au début de la prise "on laisse filmer pour l'enquête". Ahaha. Oui, c'est sûr que filmer un type immobile sur son lit d'hôpital, ça va beaucoup vous avancer.
Bon, à la fin je me suis laissé être amusé par les points de vue choisis : une caméra dans un véhicule de police, une caméra de surveillance dans un centre commercial qui filme un mur être défoncé (c'était clairement comique), ou un couple qui filme une scène depuis leur appart, avant que les héros ne passent chez eux en défonçant le plancher.
C'est à la fois idiot, car illogique, et malin, quand Andrew pique les portables et ordis de personnages dans la Needle Tower pour les faire voler autour de lui, et ainsi autoriser le champ-contrechamp sur lui et son interlocuteur.
Par contre sur la fin du film, comme si le réalisateur n'en avait plus rien à foutre, il y a des prises qui ne correspondent à rien, et carrément une plongée zénithale, allez...

Les films en caméra portée ne laissent pas beaucoup de place à la mise en scène réfléchie, mais le réalisateur Josh Trank se débrouille. Comme pour signifier au bout d'un moment qu'Andrew revient à la case départ, après être passé de loser à winner, on retrouve un plan semblable à un autre qu'on avait au début du film. Dommage que dans les deux cas, ces plans manquent de logique, justement à cause de la caméra portée.
Dans la scène où Casey, cette folle à la caméra, filme Matt sur son palier, on voit le visage de la fille grâce à un miroir à côté de la porte. C'est un bon apport de la part du metteur en scène, mais en même temps ça fait très factice.
Pour moi, le procédé de la caméra portée dans ce film c'est un peu comme le personnage de Matt qui cite le point de vue de Jung sur les fêtes, à une soirée, pour draguer une fille : c'est totalement illogique. Même moi je ne ferai pas ça. A quoi correspond un pareil personnage ? Surtout qu'il me semble qu'il est censé être un type un minimum populaire.
Les personnages de Steve et Andrew sont plus définis, presque typés, mais on y croit, et on peut dire que les acteurs ont été bien castés. Dane DeHaan, qui joue Andrew, a 23 ans. Me souviens de Nhoj se plaignant que dans les films comme le remake des Griffes de la nuit, on dirait que les personnages ont redoublé 5 fois ; ici, l'acteur paraît être un ado. Et, trivia comme ça, c'est surprenant mais l'actrice qui joue Monica est sa copine dans la vraie vie.

Avec de grands pouvoirs, viennent de grandes irresponsabilités.
Chronicle se présente un peu comme une comédie à la Bruce almighty, la cabotinerie propre à Jim Carrey en moins, mais avec le passage obligé du soulèvement de jupe à l'aide d'un superpouvoir, après tout on a trois personnages principaux masculins, et c'est plutôt amusant de voir les conneries qu'ils font grâce à leurs capacités télékinésiques, mais ça ne suffit pas à faire un film.
Le héros a tout de même des problèmes familiaux, une mère malade et un père alcoolique et violent, mais c'est le type de background qui me gonfle. Finalement ça sert un peu, notamment à faciliter la dérive du personnage principal vers la psychopathie, sans être lourd.
Chronicle passe assez bien d'un genre à un autre, d'ailleurs je ne saurais définir exactement un moment où ça arrive, seulement divers points de bascules plus ou moins importants.
Le film prend un virage à 180°, et tourne au récit malade et épique démantelant le mythe du super-héros, à la Mark Millar.
Dans la vie réelle, le super-méchant ne serait pas un fou qui veut conquérir le monde sans raison, ce serait un jeune homme autrefois timide et mis à l'écart qui au départ fait le mal pour servir un bien, puis s'enivre d'un pouvoir nouvellement acquis, et serait poussé à bout, ne se souciant plus que de lui et non des autres vies humaines, à cause d'un discours sur la loi du plus fort qui lui serait monté à la tête.
La dernière partie du film est si impressionnante que j'ai un peu oublié les défauts précédemment cités.
Il semblerait que Chronicle a été fait avec un petit budget. Ca se voit avec certains des FX, les CGI étant flagrants, mais au bout d'un moment on a un peu plus de mal à discerner les ficelles.

La toute fin seulement est légèrement décevante. Il aurait été plus fort d'achever le film sur la séquence d'avant, pour rester sur une note bien sombre.
J'ai bien aimé Chronicle donc, mais j'avais assez peu d'attentes.
Fry3000
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le 17 févr. 2012

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Wykydtron IV

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