Peut-être avec une vraie caméra...
Initié par “Cannibal holocaust” et popularisé par “The Blair Witch project”, le found footage (ou peu importe le nom dont on tente de l'affubler) est aujourd’hui omniprésent sur les écrans de cinéma, et tend à se diversifier. Focalisé à l’origine sur l’horreur, il se tourne dorénavant vers la comédie ("Projet X", "Babysitting"), les faits de société ("End of watch") et, avec "Chronicle", vers un mélange de tout cela. Cependant, malgré sa popularité grandissante et la multitude des terrains qu’il explore, le found footage peut se résumer en seulement trois mots : fausse bonne idée.
Les sujets traités, le jeu des acteurs, l’idée qu’ils cherchent à défendre peuvent être conservés et appréciés à leur juste valeur. Le problème est l’exercice du found footage en lui-même, le fait de vouloir faire du cinéma avec ce qui n’en est pas. Le cinéma n’est pas la réalité, c'est une déformation, une interprétation, une critique de la réalité. Au cinéma, le spectateur n’est pas un témoin, et encore moins un investigateur. Les caméras qui tremblent, les contre-jours, les "pose la caméra s’il te plaît, je n’aime pas être filmé", il en a des centaines sur ses films de vacances, et c’est bien suffisant. Le cinéma est un métier qui nécessite des années d’apprentissage et d’expérience. Le pseudo-amateurisme n’y a pas sa place. On pourrait voir dans le found footage un moyen de démontrer l’omniprésence de l’image dans la société d’aujourd’hui, l’obsession de la génération internet et du "tout, tout de suite", de se mettre en scène, d’être vue, parce que trop vide et trop peu concernée par ce qui l'entoure. Au début du phénomène, peut-être, même si le résultat n’a jamais été transcendant. Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence : ça ne fonctionne pas, et ça ne fonctionnera jamais. Le found footage n’est pas ciné-génique. Pas du tout. Il est anti-cinématographique.
Sa volonté de vouloir explorer d’autres schémas narratifs est parfaitement louable, au même titre que la 3D qui cherche, paraît-il, à offrir aux spectateurs de nouvelles sensations visuelles. Mais il faut parfois savoir s’arrêter et accepter de passer à autre chose.
"Chronicle" raconte une histoire intéressante, bien que ses personnages soient parfois à la limite du cliché de l’adolescent américain de base : le frustré mal dans sa peau, le populaire et le pseudo-intello. Les scènes où ils découvrent leurs pouvoirs sont plutôt amusantes, mais c’est à peu près tout. Et cela pour une seule raison : le found footage. Les subterfuges laborieux trouvés par le scénariste et le metteur en scène pour introduire une caméra vidéo dans chaque scène du film font soupirer d'embarras. Faîtes du cinéma, par pitié !!