Sorti en 2012, "Les chroniques de Tchernobyl" a l'avantage de ne pas être un found footage dont le spectateur en était gavé jusque là et dont étaient livrées des pléiades de productions horrifiques médiocres au début des années 2010. Par contre, si le métrage ici présent n'est pas réalisé de cette façon (et son contexte aurait pu légitimement le pousser à l'être), "Les chroniques de Tchernobyl" est pensé comme tel. Réalisé caméra à l'épaule, ne bénéficiant pas de plans larges, de plans d'ensembles ou d'autres effets du genre, Ces "chroniques" n'assure que le strict minimum. Au passage, ce produit n'a de "chroniques" que le nom.


En résumé, une bande d'amis se prêtent à un "tourisme de l'extrême" le temps de quelques heures dans la ville de Pripyat, ville fantôme toujours irradiée suite à l'explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl en avril 1986. Une idée de voyage proposée par l'un des personnages et plus ou moins acceptée par tout ce joli monde en moins de deux, qui est quand même une des destinations les plus risquées au monde, et qui ne serait en aucun cas ouvert au public. Alors, dans le même ordre d'idées, est-ce qu'il y aurait moyen de faire plus stupide? Comme visiter des bâtiments en pleine ville ou respirer l'air sans aucune protection ni masque? Sûrement.


Le trajet sera de courte durée, la bande d'amis, rejointe par un couple ayant eu la même idée de voyage, et épaulée par le gros Yuri, conducteur du bus et guide touristique se retrouveront assez vite sur les lieux. Les décors dans ce genre de films sont importants pour contribuer à l'ambiance. Et, autant dire qu'avec un lieu naturel, c'est une perche tendue pour le réalisateur. Tourner un film dans un asile désaffecté (Comme dans "Session 9"), dans des lieux abandonnés ou des parcs d'attractions, ça aide. Il n'y a plus que faire de ces éléments un personnage, leur donner de la vie. Dans ce cas-ci, nous ne serons pas aussi dépaysés que dans "Hostel" , loin de là, et nous n'aurons pas le souffle coupé par les lieux, qui ne se limitent qu'à deux ou trois buildings, et beaucoup de terrains vagues finalement.


Tchernobyl ne débute pas de manière catastrophique, non, le rythme est tel que le film en est divertissant et le cinéphile se laissera probablement tenter au moins par la première demi-heure. Lorsque l’élément perturbateur déboule, ça se laisse encore suivre, mais au bout d'un moment, à force de rien y voir, la menace ne peut pas être crédible si elle n'est que suggérée. Et lorsqu'on y entrevoit un bout de monstre, c'est la déception.


Pas grand chose n'est montré, les gens gueulent, crient, pleurent, courent et il y a quelques plans sur certaines choses, qui, sont inconnues car le film ne prend pas vraiment le temps d'expliquer de quoi il s'agit et quelle est la nature de la menace. Choses qui ne se montrent que le jour (pourquoi?), qui sont en surnombre mais qui arrivent à se dissimuler parfaitement pendant la journée et qui n'attaquent que la nuit. Le guide, ne semblant pas se soucier du danger, malgré les quelques années de voyages derrière lui et qui


sera le premier à crever.


Il n'y a pas grand chose à en dire. Le final ne surprendra même pas, pompé sur "La nuit des morts vivants", qui était bien meilleur dans le film original, cela va de soi, mais aussi fonctionnant en tant qu'hommage dans "Cabin Fever" et justifié. (C'est également la fin de "Extraterrestrial" des Vicious Brothers, un mauvais found footage, sorti après le bon "Grave Encounters", toujours du côté des found footages) Il est par ailleurs confus et suscite le questionnement.


Le postulat de base était attractif: Un groupe d'amis devant à la fois survivre en environnement hostile, à cause des radiations plus puissantes à certains endroits que d'autres et visiblement des animaux sauvages, n'ayant qu'un temps limité de survie, ainsi que face à des résidents peu accueillants. Il faut dire aussi qu'un lieu dont la nature a repris son cours, c'est forcément intriguant et ça lui octroie un réel côté effrayant. Que ce soit un asile abandonné ou un parc d'attractions en ruines, ça suscite le mystère. Comme exemple, prenons "Chasseurs de fantômes" de GussDx sur Youtube. C'est donc ce qui peut attirer dans ce genre de films et qui en a fait le succès, même si "Les chroniques de Tchernobyl" n'a évidemment pas été tourné sur le lieu de la catastrophe, il conserve ce sentiment. Petite anecdote: Un petit parc d'attractions (constitué de quatre ou cinq attractions dont deux visibles ici) avait ouvert le jour de la catastrophe, par pure coïncidence. Les sources l'évoquant sont contradictoires, certaines soulignant son ouverture le 27 avril 1986, un jour après la catastrophe, autorisé par le gouvernement pour rassurer la foule, d'autres insistant sur sa fermeture quasi-immédiate le 26 avril.


Ce film d'horreur aurait pu tout aussi bien être un found footage, cela n'aura malheureusement pas changé grand chose, il n'est pas convainquant et pour se procurer davantage de frissons tout en restant dans la même gamme, il faudra se tourner du côté de "The descent" ou "Hostel".

QuentinDubois
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le 27 juin 2016

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Quentin Dubois

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