Dans Chungking Express, Wong Kar Wai nous délivre son histoire d'âmes solitaire perdues dans un univers nocturne qui leur est inconnu, mais qui tente de le découvrir et l'apprivoiser une fois le jour levé.
Plongées au cœur d'une mégalopole aux reflets néons, prostrées contre des murs entre deux enseignes lumineuses, en quête d'une attache affective et courant à en perdre haleine, à vivre leurs vies en compte à rebours...ces âmes en peine sont en permanence étouffées par une douleur mélancolique.
Wong Kar Wai sublime à merveille cette mélancolie qui émane de chaque plan, chaque image, qu'il déforme ensuite pour ainsi créer cette attente sans fin que ressentent ses personnages. Il sublime tout autant leur solitude par des choix de plans esthétiques et des jeux de lumière calculés avec soin.
Pourtant, si l'amour peut être forme de douleur et symbole d'une quête infinie à la recherche d'un bonheur inaccessible, il est aussi salvateur. Par cette attente d'un amour qui ne viendra pas, un autre peut alors entrer dans notre univers et en nettoyer les fragments éparpillés dans notre lieu de vie et empoisonnant notre existence tel des stigmates.
Derrière tout cette mélancolie, je vois autre chose au travers des enseignes à la lumière froide : Un profond message d'espoir pour cette quête d'amour que nous effectuons tous, à différentes échelles.
Regarder Chungking Express, c'est se laisser emporter par un maelström silencieux d'émotions, c'est observer du coin de l'œil un ballet sans fin entre des âmes solitaires qui finissent parfois par se toucher.