Chungking Express est mon 2e Wong Kar-wai après In The Mood For Love. Je l'ai trouvé globalement bon, même si je suis moins dithyrambique que pas mal d'autres critiques sur SC. Je n'ai pas été hermétique à son certain charme poétique, pour autant, je le trouve un peu inégal, notamment dans son rythme, mais aussi avec son intrigue un peu trop décousue.
L'ambiance contemplative et déjantée est vraiment bien soutenue par la musique, qui comme pour ITMFL est d'excellente facture (on peut noter la track Fornication in Space qui est vraiment super).
Frankie Chan et Roel A Garcia ne se foutent pas de notre gueule. Faut aimer le saxo après quoi. J'ai vu des critiques de l'utilisation répétée de California Dreamin', mais je trouve que ces leitmotivs (comme pour Yumeji's Theme dans ITMFL) sont une des forces de WKW. Ils aident à forger une identité forte au film. C'est comme les thèmes musicaux pour les personnages, ça ajoute vraiment quelque chose d'important (on pourra penser à ceux de Il était une fois dans l'ouest par exemple).
La plupart des critiques (que j'ai lues en tout cas) ont l'air de préférer la seconde partie à la première. Pour moi, c'est l'inverse, j'ai été plus sensible à son type de poésie excentrique. Que voulez-vous, pas que j'ai une dent contre les monologues adressés au mobilier, mais faut croire que je leur préfère les orgies d'ananas. Tout le monde à aussi l'air d'être totalement sous le charme de Faye Wong, moi, je suis team Brigitte Lin Chin-Hsia. Ouais, je suis un vrai hipster pour ce film.
Mais surtout, cette première partie est mieux ficelée et plus concise à mon goût. Sur la fin de la deuxième je commençais à saturer alors qu'on est sur un film d'1h40. Après, j'ai tendance à vraiment exécrer les romances lancinantes qui traînent en longueur, à là "je t'aime moi non plus" où les personnages ne savent pas ce qu'ils veulent et nous emmerdent avec leurs états d'âme volatils pendant des plombes. Enfin merde quoi, tu tires ou tu pointes ? (Oui, j'ai beaucoup souffert en lisant Orgueil et Préjugés et Autant en emporte le vent.)
Enfin bref, Faye Wong qui stalk obsessivement Andy Leung pendant des semaines pour au final lui dire de poireauter un an quand il lui propose enfin un rencard, c'est le genre de truc que j'ai vraiment du mal à digérer. J'lui aurais fait comprendre emphatiquement que c'était pas la peine de ramener sa poire la prochaine fois perso (sans oublier de changer la serrure aussi).
Les personnages sont globalement assez sympathiques. Le chef du kebab, c'est trop le meilleur gars, je veux le même en dessous de chez moi (en revanche, je lui confierais juste pas mon courrier quoi). Sinon, Andy Leung est encore plus à la ramasse que moi et pourtant j'en tiens une sacrée couche, le mec remarque absolument queudchi. Faye Wong pourrait lui foutre des chiquettes dans la mouille qu'il resterait totalement imperturbable.
Niveau réalisation, je trouve ces effets de motion blur hachuré à 2 FPS (je ne connais pas le terme technique) toujours aussi immondes peu importe le réal. En revanche, j'ai trouvé le plan où il déplie sa lettre mouillée derrière une vitre pendant une averse très beau.
Verdict : 7 – Bon film.
Si vous avez envie de voir Andy Leung en slip (et genre sur des périodes de temps prolongées en plus) je vous recommande ce film.