Une descente aux enfers comme on en fait (hélas) plus... Joel Schumacher, fort de son succès toujours plus grandissant, réalise avec Chute libre en 1993 l'un de ses meilleurs films, indéniablement. Michael Douglas y campe d'ailleurs un méconnaissable Monsieur Tout-le-monde devenant de plus en plus dingue face à cette société discrètement violente où il s'y adonne finalement malgré lui. Rencontrant la faune sauvage de Los Angeles, véritable jungle urbaine, il va commencer à décimer tous ceux qui vont se mettre en travers de sa route, lui qui vient de passer la pire journée de son existence.


En affrontant tour à tour deux racketteurs hispaniques, un vendeur d'armes nazi en passant par un commerçant coréen pas si honnête que cela, le mental de notre anti-héros sans nom va se dégrader de plus en plus, parallèlement poursuivi par un flic forcené (excellent Robert Duvall) qui suit difficilement les bains de sang laissés derrière le criminel. Et plus on avance dans l'histoire, plus on marche sur les traces de cet anti-héros désespéré, plus on en apprend sur lui, sur les origines de ces massacres, sur ses réelles motivations à péter les plombs.


Cette histoire incroyable mais finalement très réaliste d'un homme ordinaire sombrant dans une insatiable folie meurtrière est totalement maîtrisée par un Schumacher alors en pleine forme, filmant sans retenue des séquences de plus en plus violentes (celle du bazooka est à tomber). Ce crescendo de dégradation montre la réelle critique d'une société décadente et pourrie de l'intérieur, allant de simples arnaques de commerçants immigrés aux gamins capables de se servir d'un bazooka uniquement après avoir regardé la TV. Et ce personnage principal dégénéré est hélas le seul à voir la vraie nature des gens dans sa transe...


Pourvu d'une mise en scène éclatante, dé décors urbains simples accentuant le réalisme du film mais contrastant également avec l'exagération (volontaire) de certaines scènes, Chute libre s'avère être indéniablement un petit bijou des années 90, véritable pamphlet filmique reflétant la décadence d'une société en proie à une violence et une cruauté naturelles, matérialisées ici par la simple faune de Los Angeles, bien réputée pour ses habitants peu accommodants. Ainsi, avec son scénario passionnant et son interprétation haut de gamme, le long-métrage reste dans les annales du genre, nous faisant autant réfléchir que nous divertissant.

MalevolentReviews
8

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le 15 avr. 2019

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