Que dire de ce film, si ce n'est qu'il s'agit là d'un chef d'oeuvre comme on n'en voit plus, servi par un excellent Philippe Noiret, en Alfredo bourru mais au grand coeur, et un Jacques Perrin fidèle à lui même. La bande son signée Ennio Morricone est énorme, gigantesque, elle résonne à nos oreilles même une fois le rideau baissé. Mythique, elle reflète à la foi la fougue et la passion, la nostalgie et le souvenir du passé et du bonheur.
Empreint d'humour et de légèreté, le récit nous parle d'une époque révolue, d'un jeune garçon bravant les interdits avec innocence et amusement. Le récit démarre au sein d'un de ces villages de Sicile, dont la douceur de vivre n'a d'égal que ses bonnes manières, le tout agrémenté par la chaleur torride des étés, le chant des cigales et la vie qui suit son cours, tranquillement. Ce film nous parle de passion pour le cinéma, c'est un hymne au 7ème art et à son histoire. A travers lui, l'on assiste à l'évolution des moeurs, quant autrefois le curé du village se chargeait de la censure des scènes jugées impudiques. Ces scènes ne sont plus coupées, et comme si le cinéma et Toto ne faisaient qu'un, ainsi que les moeurs et le cinéma sont étroitement liés, arrivent les premiers émois amoureux et les premières expériences.
Le retour de Toto à ses racines ne se fait pas sans peine. Il retrouve ses vieux fantômes et découvre enfin la délicatesse de cette jolie femme qui est sa mère. Les amours perdus refont eux aussi surface, et le souvenir d'Alfredo perce l'écran et touche le spectateur. Le village a bien changé, s'est modernisé, on ne reconnait plus guère que la place de l'église, inaltérable, et la tristesse du cinéma Paradiso fermé et voué à la destruction, tué par la télévision et autres subterfuges. On peut noter toute la mélancolie de Toto, qui assiste impuissant à sa disparition, mais n'est pas également la porte du passé qui se ferme alors définitivement, une page qui se tourne et que l'on ne relira jamais? On peut valablement y discerner que Salvatore a fait la paix avec lui même.
On ne dira jamais assez combien est grande l'émotion qui se dégage de cette scène finale, tant elle est magistrale, majestueuse, vraie en ce qu'elle nous parle de la vie comme un livre ouvert, oui, mais à la manière d'Alfredo!