La romancière britannique E.L. James a fait un énorme carton éditorial avec sa trilogie érotique publiée en 2012 et comprenant "50 nuances de Grey","50 nuances plus sombres" et "50 nuances plus claires",qui relate les amours contrariées du richissime homme d'affaires Christian Grey,adepte du sado-masochisme versant dominateur,et de l'étudiante Anastasia Steele,qu'il soumet à ses fantasmes.Un tel succès ne pouvait échapper à Hollywood,les producteurs se mettant en devoir d'adapter pour le cinéma les trois tomes en question de 2015 à 2018,opération cependant périlleuse car le triomphe des bouquins reposait sur des scènes de sexe qu'on ne pouvait transposer à l'écran sans les édulcorer au maximum parce que là il s'agissait de se faire plein de blé,donc de rester dans les limites du spectacle grand public,ou presque.Cette quadrature du cercle n'est évidemment pas résolue et engendre des films bâtards coincés entre coquinerie et auto-censure.A la fin du premier opus,Anastasia quittait Christian car elle n'acceptait plus ses déviances.Au début de celui-ci,il revient la chercher et elle succombe à nouveau,le fond de l'affaire étant cette bonne vieille rédemption par l'amour.Ces jeunes gens s'aiment passionnément mais doivent trouver une solution à un problème clairement identifié:Grey est un gros psychopathe vicelard!Ce n'est pas de sa faute notez bien,le gars a des excuses qui prennent naturellement leur source dans son horrible enfance maltraitée,magie de la psychanalyse élémentaire.Mais pour garder sa dulcinée,il est prêt à changer,il le dit,il le jure,il va le prouver.C'est là que ça se met à tanguer sérieusement car les comportements des personnages manquent de cohérence.Christian devient gentil et doux comme un agneau face à sa copine,sauf que parfois il ne peut s'empêcher de la dominer et de lui imposer des pratiques un peu spéciales qu'Anastasia,pas si dégoûtée que ça apparemment,accepte et même réclame à l'occasion,parce que c'est au fond une sacrée petite salope.Difficile de s'y retrouver donc dans cette relation chaotique qui alterne roman-photo nunuche et porno soft.Le scénario étire une intrigue famélique assez fastidieuse qui délivre sporadiquement quelques scènes de baise destinées à réveiller le spectateur assoupi.Hélas,c'est aussi érotique qu'une soirée sumo-choucroute en compagnie de Gérard Larcher,Pierre Ménès et Guy Carlier,d'autant qu'on ne nous montre à peu près rien,la caméra étant d'une pudeur qui nous rappelle le bon vieux temps du Code Hays.Sur le fond,les auteurs peinent à concilier romance féministe politiquement correcte et cochonneries destinées à émoustiller la ménagère de moins de cinquante ans.D'où cette histoire hypocrite qui tente constamment et maladroitement de se dédouaner de son aspect libidineux mal assumé.Du coup,on précise bien que Grey n'est pas vraiment un dominateur mais plutôt un sadique,car il ne s'agirait pas non plus de discriminer nos amis adeptes du SM,activité des plus recommandables à l'aune du progressisme.De toute façon,Christian va être rééduqué,et c'est Anastasia qui s'en charge,en endurant toutefois de temps à autre une bonne fessée pour calmer le mâle en rut,car ce qui est dénoncé n'est pas la pratique SM mais cette infecte domination masculine.On ajoute un chouïa de suspense frelaté via les apparitions d'une ex de Grey pas contente ou les tentatives d'assauts exercés sur la personne d'Anastasia par son chef de service,encore un salaud de mec obsédé.Le tout baigne dans un luxe scandaleux,le héros étant riche à crever,et ça ce n'est jamais stigmatisé car ça fait trop rêver la midinette,des images pseudo chics entre ombre et lumière,style eighties tendance raté,et une musique sans aspérité d'un Danny Elfman peu inspiré,qui de toute manière est délaissée au profit d'une quantité de tubes pop qui n'apportent rien mais font genre.Les deux vedettes étaient à l'origine des mannequins,ce qui explique leur plastique impeccable et leur jeu approximatif.Dakota Johnson,fille de Melanie Griffith et Don Johnson,est bien galbée mais a l'air d'une parfaite cruche.Ce pourrait être une bonne chose vu que son personnage est justement une cruche,seulement Dakota parvient à paraître encore plus stupide qu'Anastasia,et là c'est trop.L'anglais Jamie Dornan avait été excellent en serial killer dans la série "The fall",mais là son visage éternellement renfrogné est d'une rare inexpressivité.Deux vieilles routières du ciné US,Kim Basinger et Marcia Gay Harden, jouent les utilités.En ce qui concerne la seconde,c'est surtout les inutilités mais Kim a une jolie scène lors de laquelle elle se fait salement humilier.La chanteuse Rita Ora participe également à la fête.

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le 29 mai 2020

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