Et pour ce soir :


Cinquante nuances de Grey, 2015, de Sam Taylor-Johnson, avec Dakota Johnson dans le rôle de la forte ingénue Anastasia Steele.


Synopsis menotté : Seattle, années 2000, dans un univers parallèle où l'on trouve à 10h une place de parking pile devant un grand building d'un PDG milliardaire, la jeune Anastasia Steele va interviewé le célèbre et discret Christian Grey, afriolant jeune homme de 27 ans et sexy comme pas deux (parce que bon, s'il avait le physique de DSK, ça serait plus un thriller...). Elle est charmée, il est surpris par cette jeune naïve qu'il s'imagine déjà nue, ils vont avoir une relation et vous le savez tous, parce qu'on n'a pas pu passer à côté de cette histoire, ça va être très cuir moustache mais sans moustache, surtout avec des martinets et une énorme acceptation d'une jeune vierge diplômé de littérature anglaise d'un profil de psychopathe avec des vices qui feraient rougir un expert de la criminelle...


Nous y voilà enfin, le big boss des films qui font des millions mais qui ont les sales réputations. Alors, je ne suis pas un partisan de "le film doit être conforme et identique au bouquin" parce que, dans ce cas, je ne vois pas l'intérêt de faire une adaptation sur un autre support si c'est pour me recopier à l'identique sans prendre ne compte le langage qui est propre au cinéma. Cependant, j'ai, à mon corps défendant, lu le bouquin et on es là face à un film hybride : Il a littéralement le cul entre deux chaises. Là où le bouquin est érotico-porno-mal écrit, le film est gentiment coquin. Quitte à jouer sur l'aspect très érotique que veut essayer de faire l'auteure à la base, pourquoi pas aller jusqu'au bout, faire de la vraie nudité, accepter le parti pris artistique jusqu'au bout ? Ah, j'entends à l'oreille qu'on me parle d'argent et d'entrée au cinéma pour attirer les midinettes, ça serait pour ça ? Nan, c'est trop cynique pour ce monde !


D'ailleurs, anecdote, lors de sa sortie, j'étais aussi au ciné pour aller voir American Sniper, film très discutable dans le fond, mais qui s'assumait. Dans le ciné, je n'avais littéralement jamais vu autant d'adolescente et de femme ! A croire que c'est devenu tendance, la soumission des femmes à des psychopathes, voire même l'acceptation de la violence conjugale, allez savoir...


Bref, pour parler du film plus précisément, je trouve qu'on est face à un film gonflé comme un ballon, mais relativement vide, parce que l'intrigue, si elle avance à la fin, reste quand même plutôt lente. A la limite, je n'ai rien contre les films avec un rythme lent, mais il faut qu'il y ait quelque chose à dire. Et finalement, là, bah...


Alors, admettons. Admettons que c'est long à se lancer, mais que le suivant va faire décoller l'intrigue. Admettons que ça fera moins soumission de la femme alors que l'époque s'y prête très mal. Admettons que j'arriverai à éprouver de la sympathie pour ce milliardaire psychopathe (franchement, retirez-lui ses milliards, faites-le bosser à la police et on obtient Dexter !). Admettons que j'arrive à enfin me dire qu'Anastasia devient un vrai personnage avec enfin de la jugeotte. Mais en l'état, c'est franchement vide. Et le pire, c'est qu'au fond, il y a des choses pas si mal. Par exemple, le plan de la lecture du contrat avec son contraste rouge foncé est plutôt joli, de même que les plans de l'appart de Christian sont fluide et sympa. Mais on a la un cas particulier de cinéma : Celui d'une réalisatrice qui a quelques idées mais qui est dans un conflit avec l'auteure du roman d'origine qui, persuadé d'avoir écrit une suite à la Bible en terme d'impact médiatique, veut que l'on laisse les propos exacts, parce que ça doit être parole d'Evangile pour elle. L'exemple qui me vient à l'esprit, c'est la fin dans l'ascenseur (oui, je spoile, mais hey, faite pas genre vous connaissez pas l'histoire !), elle lui dit stop bien fort pour qu'il comprenne. A l'origine, la réalisatrice voulait qu'elle lui crie ROUGE, le mot d'alerte pour arrêter la séance de BDSM. L'idée est cool, ça s'incruste très bien dans la scène et pour le coup, j'aurai trouvé le final plutôt réussi. Mais non, voyons ! L'auteure a écrit "STOP", c'est carrément mieux que de jouer sur les codes du contrat (qui n'a d'ailleurs même pas été signé, à quoi servait ce truc au fond ?)...


Franchement, j'hésite, mais si je devais noter, en l'état, vu les tenants et aboutissant proposés, je dirai quelque chose comme... 3 et 3,5. Le rythme de fin s'accélère d'un coup alors que tout le récit est tellement lent, comme si l'équipe s'est dit "ah merde, faut qu'on raconte une histoire, au fait !"... On verra ce soir pour sa suite...

Tony_Gendron
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le 23 mai 2018

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Tony Gendron

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