J'ai des goûts très particulier, laissez-moi vous initier. Je choisi un film, un film qui a l'air tellement nul qu'il ne pourra qu'être excellent, de préférence un truc destiné aux femelles pucelles et peu regardantes sur la qualité, histoire de vraiment s'amuser. Sauf qu'un tel film ne se commande pas ! On ne peut pas forcer le destin, des films comme White House Down ou la légende d'Hercule c'est des films dont on n'attend rien et où on se trouve sublimé par la bêtise du truc ! Là... Ben c'est tellement convenu et c'est tellement ce que l'on attend, ça ne s'offre tellement aucune liberté que ce n'est même pas drôle.

J'ai tenu à voir le film en salle pour m'immerger avec les femelles qui trépignent toutes d'impatiences pour voir leur consoeur se faire fesser... Mais en fait il n'y avait que des vieilles. C'est dire à quel point le film est subversif ! Du coup aucun intérêt à cette séance, pas le public escompté (j'aurai aimé choquer des filles en me moquant d'elles lorsqu'elles poussent leurs petits cris lorsqu'elles voient un mec torse nu, comme c'était le cas pour Divergente...).

Alors je me suis plutôt ennuyé ! Parce que ça dure 2h05 ! Pour raconter quoi ? rien du tout ! Mais genre vraiment rien hein. Mais c'est intéressant à analyser pour ce que ça dit sur la psyché féminine (écrit par une femelle, réalisé par une femelle... à la partir d'une fan fiction Twilight... on cible immédiatement le niveau). Souvenez-vous Céline disait : « Aucune chance de les séduire en leur disant : "Vous n'êtes pas mal". Il faut aller au moins jusqu'à : "Vous êtes unique au monde", minimum qu'elles tolèrent. » et ce film montre à quel point il avait raison (comme d'habitude). Parce que le film, tout comme Twilight montre la petite fille timide que se croient être toutes les filles, comme ça elles peuvent s'identifier. Et puis un mec, l'idéal masculin pour toutes les femmes : beau, riche (mais genre super riche), bien habillé, avec du goût en déco, ténébreux, mystérieux, dominant, qui dit ne pas être romantique, "dangereux" (notez bien les guillemets), qui s'intéresse à elle et les fait exister parce que ce mec trop dark va changer à son contact. Notez à quel point les filles sont compliqués, alors qu'un mec se contentera de "elle est bonne".

Bref tu sens le truc écrit pour les filles par une fille, le degré zéro de tout ! Non parce que le mec dit ne pas être romantique, mais il fait tout pour elle, c'est son esclave, c'est elle qui domine dans la relation hein... Et ça c'est fabuleux sur ce que ça dit, les femmes qui prennent le pouvoir par la cuisse, d'ailleurs il le dit le mec, si elle accepte de se soumettre elle l'aura lui... Bref tu sens que Freud et l'envie de pénis ne sont pas loin. En parlant de Freud, bien sûr Grey a un problème avec sa mamounette... Génial... il a eu une enfance difficile...

Non mais tu imagines ? Mais ferme-là, on s'en cogne, balance-nous le cul ! On veut du cul !

Alors je suis surpris on voit des seins ! Bon c'est la moindre des choses... et vu que la fille est "pas mal", ben c'est agréable... on voit même un bout de verge molle. Génial ! Par contre c'est du sexe pour fille, donc c'est tout sauf violent, c'est tout sauf intéressant à regarder, c'est tout sauf du SM. Il n'y a aucune tension sexuelle, tout est faux dans ce truc. Tu prends le dernier Polanski, on ne voit rien il me semble, et pourtant tu as une rapport de soumission qui est fascinant, terriblement intense et ceci juste avec un très bon scénario et une mise en scène qui déchire tout (et deux acteurs géniaux). Mais bon, Polanski est un génie. En terme de fessé, si on prend Marfa Girl de Clark, on a une scène où une prof vient fesser le "héros" du film, tout au début, pareil une tension sexuelle folle... Il se passe un truc, un truc fondamentalement vrai ! Et bien sûr je ne parle pas de nymphomaniac, où là on a Tintin qui s'en donne à coeur joie. Vous imaginez si l'on explorait la psyché de Tintin pour savoir comment il en est venu à frapper les filles ? ça serait ridicule. On n'a pas besoin de savoir. Non mais là tu comprends pour que la fille n'ait pas peur il faut qu'on comprenne qu'il est torturé. Formidable !

Du coup c'est incroyablement soft, bon on s'y attendait, faut pas faire peur à la fille qui vient voir ça avec ses copines alors qu'il y a eu une soirée vente de sextoy juste avant... Le but est de vendre... On le sait... On ne va pas se leurrer, le public de ce genre de truc est juste là pour consommer des cravaches en simili cuir dégueulasse à la sortie et croire que c'est subversif. Sauf que non, c'est la norme.

D'ailleurs on voit bien que ça ne va pas bien loin lorsque la fille dit "ah non pas de fisting, ni anal ni vaginal" je suis certain que la personne qui a écrit ce passage se croyait trop subversive !

Bref on est en face d'un film qui se veut un phénomène de société avant même sa sortie... Mais qui n'est que l'entreprise cynique d'un studio qui veut capitaliser sur les désirs inassouvis de toutes ces femmes pseudo libérées et qui ne rêver que de se faire fesser.

D'ailleurs la scène trop hardcore du film c'est rien... s'en est limite drôle. Dans Nymphomaniac tu as les lambeaux de chair qui volent, là tu as des ralentis façon passion du Christ mais sans intensité, sans rien...

Bref pour la Saint Valentin (si des gens fêtent vraiment ce genre de truc) emmenez votre copine voir Nymphomaniac en version longue dans votre salon ou bien la Vénus à la fourrure de Polanski (mais ça peut lui donner des idées, donc non) ou bien Salo ou les 120 journées de Sodome histoire de lui faire goûter à la vraie subversion en terme de sexualité.

Ah Amérique puritaine quand tu nous tiens. Notons malgré tout pour bien faire corrosif que le film utilise trois fois le mot "fuck" "choquigne".

Est-ce-que je suis consterné ? Même pas... Je suis juste déçu, parfois c'est un peu drôle... parce que c'est tellement culcul et prévisible... Mais c'est surtout que ça ne marche pas une seule seconde, pas un seul truc vrai. Au début la fille prend un crayon et le met à sa bouche ou se mord les lèvres. Tu sens qu'elle est mal à l'aise, que ce n'est pas naturel, qu'elle le fait car c'est dans le script. C'est rien du tout ça. Aucune alchimie entre les personnages. C'est juste faux et plat. Quand Pialat faire sourire Sandrine Bonnaire dans à nos amours, là c'est vrai ! Là c'est beau !

Là c'est juste factice. Et du coup on rejoint la prédiction de Guy Debord sur la société spectaculaire où le faux sera érigé en vrai...

Ah on m'a mis au challenge de trouver un point positif au film... une ou deux compo d'Elfman sont sympas. Mais c'est vraiment pour sauver un truc de cet océan d'ennui dans le quel il ne se passe juste rien... Comme dans le cerveau du public de ce genre de film... Le néant... La consommation... La manipulation de masse...

J'attends la suite !
Moizi
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le 11 févr. 2015

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Moizi

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