La Chute d'Icare. Icare, c'est qui Icare? Ah oui, pardon, je voulais dire Thor, tu sais chez Marvel.

Un problème rémanent, celui de l'adaptation livresque. D'adaptation de livres connus au cinéma.
Problème qu'on ne saurait résoudre autrement qu'en comprenant que l'une des versions artistiques est la traduction de l'autre dans un art différent.
Ce qui fera la valeur de ce type d'adaptation, ce sera l'originalité, le caractère "belle infidèle" que prendra cette traduction; un copié-collé n'ayant de pertinence qu'auprès des paresseux, fâchés avec la lecture.


Or donc, s'il y a de l'originalité dans cette adaptation - que je prends en compte dans la note - elle est très mince et souvent au détriment de l'oeuvre adaptée.
En effet, tout y est repris au mot près. Pas de trouvailles cinématographiques qui justifient l'existence de ce film, si ce n'est une plus grande prise en compte de ce qui concerne l'histoire vue par Grey, crime pendable que le réalisateur du prochain volet en film, adaptant Cinquante nuances plus sombres, projette de pousser à l'extrême.
C'est une grave trahison du roman qui ne montre volontairement que la conception des choses selon Annastasia pour faire un clin d'oeil à un autre roman érotique féministe plus ancien.


Et c'est ce qui explique l'échec du film à adapter l'oeuvre littéraire: le roman se place par bien des aspects (même le vol en planeur vers la fin est une énième allusion à une autre oeuvre littéraire, sans raison propre d'existence) dans une continuité littéraire qui n'est pas celle qu'a connu le cinéma.
Pour parvenir à ses fins, le film aurait dû faire ce que fait le traducteur devant une tournure idiomatique intraduisible dans sa langue: contourner le problème en faisant appel à une tournure différente mais d'esprit égale dans la langue de traduction. En d'autres termes, Sam Taylor-Wood aurait pu chercher dans Emmanuelle ou Histoire d'Ô des allusions cinématographiques. du même acabit à celles littéraires du roman.


Poursuivant un plus grand réalisme, les décors dépouillés blancs et gris sont chargés d'objets, ptyx, perturbant ainsi la symbolique voulu par El James.


Reste que pour un public n'ayant pas lu le roman, c'est un film agréable à regarder, n'entrant heureusement pas trop dans les détails du livre en ce qui concerne la sexualité, servi par un duo principal bien sélectionné et jouant à merveille des personnages aussi complexes que nos amants maudits.


En conclusion: vous qui n'avez pas lu le livre et qui n'envisagez pas de le faire, ce film est pour vous - un petit cours de rattrapage - vous qui l'avez lu et souhaitez le voir, perdez tout espoir.

Frenhofer
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le 17 juil. 2015

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Frenhofer

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