Je voulais commencer avec une phrase qui dirait de manière belle et littéraire que je n’avais pas la prétention d’être une critique et que donc mon avis serait peu pertinent et puis je me suis rendue compte que je n’aurai jamais dis ça pour une critique de théâtre. Et cela n’a rien à voir avec le nombre de pièces que j’ai vu. J'ai compris par le biais du théâtre que l’art est créer pour le public et par pour une élite qui s’est donnée le droit de faire le tri entre le bon et le mauvais. Si un spectateur trouve une représentation médiocre alors que la presse encense le spectacle, il a tout de même raison. Ainsi, je m’octroie ici le droit de donner mon opinion en essayant de faire le moins de cas possible de la critique des spécialistes de cinéma. Ma critique sera peut être un peu bancale, mais elle aura le mérite d’avoir été écrit avec honnêteté.
Maintenant que j’ai posé un cadre dramatique et sérieux, qui me confère automatiquement une crédibilité un peu ridicule je peux commencer.
Je ne sais pas si j’ai aimé Citizen Kane. D’un point de vue purement narratif je pense qu’il y a un problème majeur : personnellement je n’en avait rien à foutre de son “bouton de rose”. Cette quête m’était rappelé entre deux flash backs mais elle ne m'intéressait pas du tout. Il n’y avait pas d’enjeu concret. Je n’ai pas ressenti de réel mystère face à la vie de cet homme. Oui il est très intéressant parce qu’il a le charisme et la force de caractère des grands dictateurs (ou plus récemment des patrons d’entreprises d’informatique, de réseaux sociaux et de nouvelles technologie), oui il est assez attachant mine de rien, mais pourtant je n’en ai toujours rien à foutre de son putain de bouton de rose. Dans ces circonstances, un traîneau qui brûle, cela m’a seulement fait soupirer doucement. J’aurais préféré que cela s’arrête avant, j’aurai trouvé ça rythmiquement et narrativement parlant beaucoup plus juste. Ca aurait montré qu’en réalité cette sorte d’enquête n’était qu’une excuse pour nous parler de la vie d’un homme qui a tant réussi mais qui a échoué aux étapes les plus importantes son existence. Au lieu de cela j’ai l’impression d’avoir à faire à une morale banale qui expliquerait une vie par une enfance traumatisante. Et cela n’est plus révolutionnaire depuis Freud. Cela devait même ne pas l’être avant.


Je vais aborder rapidement le jeu des acteurs. Pour presque tous il n’y a rien à dire. Presque aucun moment ne sonne faux. La seule qui vient gâcher le tableau c’est celle qui joue Mme. Alexander (qui est passé pas loin d’avoir le plus beau prénom de la galaxie). Faut dire que ses dialogues et son personnage ne doivent pas beaucoup l’aider. Elle geint, elle se plaint, elle monte dans les aigus quand elle s'énerve et à sa première apparition, après quelques secondes je me suis dis que je devais avoir à faire à une enfant de 8 ans. Tellement de naïveté épuisante, de fausse gentillesse, de rire débile. Oh bordel. Je vais changer de sujet parce que sinon je sens que je vais partir sur un lynchage parfaitement contre productif.


D’un point de vue de la réalisation par contre, là c’est assez remarquable. Les plans de débuts, avec cette tension qui monte, avec ces grillages, cette musique et ce château qui est toujours là même après les multiples fondus et qui semble donc irréel, ça fait tout de suite pensé à des manoirs sombres inspiré de l’univers de Bram Stocker (oui j’ai préféré citer l’auteur au personnage pour la simple raison que cela donne un crédit littéraire et intellectuel à mon avis. J’en suis parfaitement consciente. Mais c’est assez rigolo).
Cette neige qui revient sans cesse, ça aussi ça claque sa mère (je contraste avec ma référence littéraire pour pas que ça devienne non plus pédant). On la comprend au fur et à mesure et ça j’aime beaucoup. Cela crée aussi un effet de boucle avec lequel je soupçonne le réalisateur de jouer régulièrement : la fin et le début se réponde tout comme les deux histoires “d’amour” de Kane qui s’achève parce que celui ci est incapable d’accepter avoir tort.
Les dialogues sont tout de même, je dois l’admettre, très bien écrit. Ca claque, ça s’enchaîne, c’est merveilleusement rythmé.
J’aimerai aussi revenir rapidement sur l’espèce de time lapse avec sa première femme, symboliquement c’est magnifique : sa maison s’enrichit et sa relation s’appauvrit, ça j’avoue ça force le respect parce que c’est amené avec beaucoup de finesse.
Enfin je ne peux qu’applaudir le jeu sur les lumières, ça c’est du grand art, si je voulais faire la meuf qui a de la culture je dirais que c'est digne de Caravage, mais comme c'est pas du tout le même style ni la même utilisation je vais m’abstenir. Les personnages prennent une ampleur incroyable grâce à ces rayons lumineux, c’est absolument dantesque (oui je m’amuse à étaler ma culture générale partout, mais faut bien que je m’amuse)


Pour conclure je dirais que ce film doit avoir un grand intérêt pour des étudiants en cinéma, effectivement, mais pour un public qui ne cherche pas à apprendre à réaliser, la toile de fond et le récit développé ne sont peut être pas suffisant pour captiver son attention.

Alexolandra
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le 7 oct. 2018

Critique lue 106 fois

Alexolandra

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