Kevin Smith est un drôle de gars : sorti un peu de nulle part, plus audacieux que doué, il réalise Clerks avec trois francs six sous (bon arrondissons à 27 000 dollars) pendant les heures de fermeture de l'épicerie où il travaille. Kevin Smith est un veinard : Clekers tombe pile au moment où le cinéma indépendant va avoir le vent en poupe et Clerks va devenir un succès financier incontestable contre toute attente (lire Sexe, mensonges et Hollywood pour le fun).
Mais finalement, Kevin Smith est un petit génie : sans avoir l'air d'y toucher, il parvient avec Clerks à rendre les losers sympathiques, à rendre l'ennui amusant, et un endroit aussi basique qu'une épicerie de quartier devient une véritable scène de vaudeville, bourrée de personnages atypiques et de situations abracadabrantes. Avec pratiquement rien, Smith arrive à tout, non sans difficulté par moments et quelques erreurs largement pardonnables au vu du résultat final. Ca vieillit un peu, c'est très marqué par son temps, mais c'est aussi ça la grande qualité du film.