De la sangria, de la sueur et des larmes

Mais qui donc a mis un truc dans la sangria ? Le découvrir n'a strictement aucun intérêt vu que ce n'est que l'élément déclenchant de la furie qui s'annonce dans le dernier délire de Gaspar Noé, dénommé Climax. C'est un peu l'anti Mademoiselle de Joncquières qui fulmine à l'écran : un trip sensoriel aussi virtuose que radical et dont la signification profonde, si tant est qu'elle existe, est que l'homme ne peut vivre en société ou encore que toute communauté est toxique sui generis. En gros, mais est-ce que cela a une quelconque importance ? un Gaspar Noé se vit comme une expérience hallucinée et qu'importe la potion pourvu qu'on ait l'ivresse. Celle des cimes et de celle de l'abîme lesquels, au fond, se rejoignent dans une jouissance délétère qui s'apparente à une petite mort. Il y a des moments grandioses dans Climax, notamment dans sa première partie, des danses baroques et démoniaques filmées avec maestria et un peu d'humour, mais si. Cela se gâte un peu par la suite ou est-ce le spectateur qui finit par ressentir la vanité d'une entreprise qui ne s'adresse qu'à ses sens et délaisse un peu son intelligence ? Pourquoi pas, après tout, mais Noé semble vouloir en rajouter encore dans une mise en scène elle aussi prise de frénésie et multipliant ad nauseam les plongées et les axes biscornus. Il y avait le même extrémisme dans Enter the Void mais plus signifiant peut-être. A moins que ce ne soit qu'une histoire de ressenti personnel. De la sangria, de la sueur et des larmes : quel carrousel effréné quand même, doit-on s'esbaudir, y compris si on n'adhère pas à 100%. Force est de reconnaître que Gaspar à onze heures (c'est juste pour le jeu de mots stupide) et même toute la nuit.

Cinephile-doux
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le 24 sept. 2018

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