"Le climax est un point ultime ou culminant dans une succession ou progression à travers le temps. Ce terme, quasi-synonyme d'acmé ou d'apogée".

L’œuvre de Noé est divisée en deux parties: bien que la scène initiale semble annonciatrice d'une continuité pesante, le film démarre en douceur. La première partie nous invite à rencontrer les différents protagonistes, nous faisant part tour à tour de leur passion commune pour la danse. Rapidement, on les retrouve en piste, ou chacun d'entre eux exécutent des performances à couper le souffle. C'est à mon sens, à ce moment précis que l'on part véritablement à la rencontre de chacun des personnages. Le surplus de dialogue est inutile, l'expression corporelle prend le dessus. Les corps se meuvent, se mêlent et s’entremêlent, pour finalement ne former plus qu'une seule et unique masse de chair compacte. Il n'y a plus de différenciation: homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, humain ou créature. Chacun est libre de s'exprimer comme bon lui semble. La place est désormais à la transe et à l'exaltation. L'enivrement est à son paroxysme.

Le switche intervient lors de la seconde partie, alors que les danseurs font une pause. Le malaise s'installe progressivement, alors que la rumeur court: "quelqu'un a empoisonné la sangria". L'enivrement initial laisse place à l'incohérence, à la folie et à la paranoïa. Une atmosphère anxiogène vient remplacer l'euphorie initiale. La musique qui est un élément crucial depuis le début du film se fait de plus en plus pesante. A l'image de la confusion des personnages, Noé fait tournoyer sans trêve la caméra, nous ne sommes désormais plus uniquement spectateur, nous sommes dans cette salle glauque et lugubre avec les protagonistes. On suffoque, on a les idées floues et par moment, on est pris de nausées.

Dans ce film, le pari était risqué, car contrairement à de nombreuses œuvres, l'objectif ici n'était pas de faire passer des émotions au travers d'un dialogue ou d'un monologue, mais au contraire, de faire émerger des émotions et sensations pulsionnelles au travers d'expressions non verbales. Et Noé, nous emmène dans l'antre de la folie avec Brio.

"A ceux qui nous ont fait, et qui ne sont plus."

Mlleteisseire
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le 25 janv. 2019

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