Voilà un film à découvrir en salle pour vraiment profiter de la réalisation stylée de Noé qui prend toute son ampleur sur grand écran, mais aussi partager avec les personnages cette dimension d'enfermement. Cet aspect de l'expérience force un véritable attachement envers eux, sans être pour autant de l'empathie (y'a quelques beaux connards dans le lot), ce à quoi contribuent encore plus des séquences de danse vraiment percutantes (la découverte pour moi du voguing). Les courtes saynètes qui posent ensuite les enjeux conflictuels à venir apparaissent plus banales, si ce n'est triviales (du cul, du cul, du cul) mais à la fois porteuses d'une violence ordinaire réprimée que la célèbre sangria de la bande-annonce va bien évidemment libérer.
L'ambiance fin de soirée flippante fonctionne ainsi très bien, avec une montée progressive et inéluctable du sentiment d'oppression et de malaise dont on ne peut réchapper (le fameux effet enfermement dans le ciné), jusqu'à l'acmé anxieuse avec tout ce qui touche au gamin ; je me suis même demandé au cours du film pourquoi je m'infligeais ce genre de visionnage, fait rare. La dernière partie avec la caméra chamboulée sur fond rouge est jolie mais a eu sur moi un effet de prise de distance émotionnelle, ce qui permet de souffler enfin. Pour autant, l'absence de générique, qui pourrait apparaitre comme un simple gimmick de montage, s'avère finalement un dernier coup au bide, laissant le spectateur sous le choc des lumières qui se rallument, sans même un défilé de noms pour commencer à digérer ce que l'on vient de vivre.
Climax se vit ainsi en plusieurs temps : pendant le film, immédiatement après, puis plus à distance, avec une vraie évolution du ressenti. Sans idéaliser le métrage, je n'ai pas du tout regretté cette expérience ciné qui a aussi été l'occasion d'un vagabondage réflexif de la pensée vers mes expériences de jeunesse et le rapport direct ou indirect aux produits psychotropes.