Le film dresse un portrait un peu sombre de l'idole des jeunes (bon tout dépend quels jeunes, je sais bien que ce cher Cloclo n'a jamais fait l'unanimité) sans pour autant virer noir, il est très bien dosé entre ombre et lumière. Ce n'est pas, comme j'ai pu l'entendre, "une des rares biopics qui montre la face cachée des superstars", déjà parce que beaucoup de biopic le font, et aussi parce qu'ici on a vraiment une belle harmonie qui n'est jamais lourde. On a l'envers du décor, le côté torturé de l'homme, mais l'artiste (allez laissez moi dire que c'était un artiste) et son talent créateur sont respectés et ça fait du bien. On suit Claude François, ses doutes, ses joies, ses peines, au fil de ses chansons (presque aucun de ses gros tubes n'a été oublié), de ses histoires d'amour et de ses excès de mégalomanie. J'ai aimé que l'on rentre dans l'univers de l'artiste, on se sent comme témoin privilégié de ses moments d'inspiration, comme dans la scène où il trouve l'idée de Comme d'Habitude ou celle où il écrit les paroles de "Belle, belle, belle". On a vraiment l'impression d'assister à la création, tout en sachant l'ampleur du succès qu'ont eu ensuite ces chansons que Cloclo avait pensées. On n'a plus, aujourd'hui, en France ce genre d'artistes qui fait vibrer les foules. Bon et puis la photographie est magnifique, très clinquante (les paillettes, le disco, mais elle colle bien au personnage. Bref, on prend un plaisir fou à suivre la vie de celui dont des générations entières ont chanté et chantent encore les chansons. Le film est beau car il souligne bien l'aspect hyper populaire de Cloclo, en quoi sa musique sans prétentions d'écriture peut être si fédératrice et parler à tout le monde. Le passage où Claude François raconte sa réplique à Roda (« Tu as raison : continue à faire des chefs-d’œuvre pour petites filles en socquettes de Neuilly, et je continuerai à chanter des conneries pour les pauvres. ») résume à merveille le film : l'histoire d'un (grand) chanteur populaire. C'est un grand bonheur, une bouffée d'air. Et, tout comme Cloclo qui chantait pour le peuple, le film finalement est lui aussi assez modeste dans ses prétentions : le scénario est très linéaire et le montage n'a rien d'original, mais c'est efficace et rythmé. Et certaines scènes se distinguent, comme l'entrée en scène (avec un beau ralenti) de Cloclo avec un effet de caméra qui, progressivement et par un jeu de flou, dévoile le visage de l'idole. La scène de la douche est magnifiquement réussie aussi : la tension qui s'en dégage est incroyable. Les costumes, le physique (et la belle présence) de Jérémie Rénier... Tout fait rêver. Cloclo c'est vraiment le film qui met du baume au cœur et qui rassemble, et pourtant il ne manque pas de défauts (on a souvent trop de pathos, des scènes de spectacle pas toujours complètement abouties, et un Jérémie Rénier qui, s'il vit bien le personnage, est moins présent dans les scènes de spectacle -et pour cause, puisque ce n'est pas lui qui chante-). Mais il y a une belle mélancolie. On en ressort secoué par la tempête Claude François, Alexandrie Alexandra en toile de fond et des souvenirs plein la tête.
