Entre manipulation la plus vertigineuse et le réalisme le plus bouleversant, Kiarostami ne choisit pas : "Close Up" - son meilleur film à date - qui ose faire revivre à un incurable fan de cinéma son imposture, à savoir se faire passer pour le réalisateur Makhmalbaf - proclame une foi lucide et sensible dans le Cinéma. Formellement, il est extraordinaire de voir Kiarostami utiliser le "documentaire" non dans son habituel rôle de représentation d'une réalité sociale (ce que les Ayatollah le payent pour faire, d'ailleurs, tout en lui refusant le droit de montrer la vérité d'un pays muselé), mais comme générateur de fiction : en jouant de l'un des éléments de distanciation les plus forts, soit le film dans le film (il est écrit au tout début du film que les acteurs interprètent tous eux-mêmes leur propre personnage), Kiarostami nous confère le recul nécessaire pour que nous allions nous-même chercher la profonde réalité des êtres humains derrière le spectaculaire du fait-divers. [Critique écrite en 1993]

EricDebarnot
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le 14 oct. 2014

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Eric BBYoda

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