Des intrigues amoureuses inextricables : c'est ce qu'offrait la pièce de Patrick Marber. Il est facile d'imaginer que des trahisons à n'en plus finir, pimentées par l'acoquinement du langage et des mœurs, fussent le délice des salles obscures sans écran. Mais l'intrigant est devenu intriqué sous la main de Mike Nichols, qui fût responsable d'avoir donné un premier rôle magnifique à Dustin Hoffman en 1967 avec Le Lauréat.
Recherchant quelque vérité aux seins de l'amour et du sexe, tournant autour du pot avec les questions agressives de Clive Owen dont les piques sont aussi frigantes qu'empâtées dans les tics de langage du dialoguiste (Marber aussi), le film a pour titre Closer mais s'éloigne de son sujet par la force trop grande de ses efforts. Ils lui accordent le mérite de l'originalité, et les méandres scénaristiques n'ont pas pour seul effet de créer une ambiance claustrophile et interlope puisqu'ils nous donnent droit à un paquet de répliques et de situations qui font hausser le sourcil.
MAIS (dit-il enfin) il y a beaucoup trop de violence dans les sauts dans le temps ou les vides laissés par des transitions d'une épaisseur de papier à cigarette. Dommage, il y avait de quoi explorer la douceur un peu plus avant, derrière les longs focus émotifs où les aveux soutirés, mais l'œuvre ne s'est pas révélée autre chose, pour moi, qu'une vidange crasse de tabous auxquels la plume de Marber n'a su trouver un vocabulaire vraiment riche ni adapter proprement les languissements de la scène aux soupirs de l'écran. C'est dérangeant, c'est épais, c'est bizarre. Heureusement que Portman et Roberts assument pleinement leur rôle dans ce chassé-croisé absurde.
Quantième Art