Après une brillante incursion dans le film noir avec le sulfureux Bound, une petite révolution du côté du film d'action futuriste avec le premier volet de la saga Matrix et un trip sympathique à base de bolides fluorescents avec le mal aimé Speed Racer, les Wachowski sont revenus en force cette année avec le très attendu Cloud Atlas, adapté du roman éponyme de David Mitchell et fruit d'une collaboration avec le cinéaste allemand Tom Tykwer. Film choral extrême relatant parallèlement pas moins de six intrigues, Cloud Atlas se révèle d'emblée d'une ambition scénaristique qui force l'admiration.

Qu'il s'agisse de la traversée du Pacifique par un jeune juriste au milieu du XIXème siècle, des déboires d'un compositeur de musique dans les années 1930 ou d'une journaliste tête brûlée dans les années 1970, de l'éveil d'une esclave dans la Corée du XXIIème siècle ou du calvaire d'une humanité redevenue primitive dans un futur plus lointain encore, l'adaptation à l'écran de Cloud Atlas opte pour un montage continu d'une fluidité renversante, évitant en permanence les écueils de sa propre complexité. Là où le roman scindait en deux chacune de ses six parties pour les dérouler linéairement afin d'en simplifier la lecture, le film nous propose un entrelacement constant et vertigineux de toutes les époques, chaque scène se composant de plans appartenant à des temps différents mais toujours juxtaposés dans un souci maniaque de continuité, à l'image de l'os se muant en vaisseau spatial au début de 2001 : l'Odyssée de l'espace.

Cocktail étourdissant de genres cinématographiques (polar, film historique, comédie, science fiction, fresque post-apocalytique) et de tonalités disparates, Cloud Atlas nous offre une superbe aventure humaine en forme de récit cosmogonique inversé, bourrée jusqu'à la gueule de trouvailles visuelles ou narratives, traversée de plans grandioses, au rythme trépidant mais jamais frénétique, portée par la performance inédite d'un casting hors norme (Tom Hanks, Halle Berry, Hugo Weaving, Hugh Grant, James D'Arcy, Jim Broadbent, Ben Whishaw, Susan Sarandon...), dont chaque acteur et actrice incarne une myriade de rôles. Une lecture cynique du film pourrait évidemment souligner un caractère et une moralité parfois kitsch (l'amour est plus fort que tout...), mais le degré de sincérité et l'enthousiasme artistique du trio de cinéastes aux commandes de ce projet aussi fou que généreux (malheureusement sous-estimé) nous emportent irrésistiblement dans leur sillage !

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le 12 août 2013

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