Je suis extrêmement surpris par Cloverfield de Matt Reeves ! Un film qui cristallise une histoire contemporaine – et ainsi ses peurs – pour offrir un spectacle complétement réussi. Une fin du monde où le regard rase le sol. Où l’image elle-même, de nos temps modernes, dépasse les lignes conventionnelles pour mieux embrasser la catastrophe. Cloverfield prolongerait l’élan majestueusement terrifiant de Spielberg et sa Guerre des mondes, pour aller encore une fois provoquer des images qui existent. Des cris et tremblements qui composent un paysage actuel : se barricader dans une supérette pour échapper à la poussière ; errer dans les rues sans ne rien savoir de la situation ; entrecroiser les images « conventionnelles » des télévisions avec celles « sauvages et fougueuses » des téléphones, où l’individu rend illimitée son pouvoir de création d’images. Bien qu’il y’ait certes le sentiment de réalisme du found footage qui y participe, toute la fascinante horreur de Cloverfield réside dans son pouvoir à approcher la catastrophe au plus près de ceux qui la subissent. De construire, grâce à sa mise à sa mise en scène au pied des buildings, tout un rapport au gigantisme et l’insaisissable. Matt Reeves n'est pas le premier, et ne sera pas le dernier à approcher l'horreur par le prisme du téléphone (ou camescope).


Une horreur qui se construit donc avec brio, et sans aucune prétention d’ailleurs (où ici commence à se tisser les limites du film) : les acteurs - autant que leurs personnages - ne sont pas extrêmement passionnants, l’allure secondaire du mélodrame ne transcende pas grand-chose, la mise en scène peut autant époustoufler qu'elle manque parfois de profonde saisi d'un moment (ou si l'on veut, d'oublier de faire un peu de cinéma) … Mais tout ses petits défauts qui semblent peut-être volontaires ou non, inscrivent d’autant plus le long-métrage de Matt Reeves dans le rayon privilégié des blockbusters inconscients - ou malicieusement conscients - de leurs véritables forces. Je pense que Cloverfield, au-delà de tout son geste profondément moderne et implacable, déplie une envie de tétaniser par les images « sauvages », leurs prismes universels et leurs horribles échos !

RemiSavaton
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le 14 mai 2021

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Rémi Savaton

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