Cockfighter
6.9
Cockfighter

Film de Monte Hellman (1974)

Un coq c’est moche, un coq c’est bruyant, un coq c’est chiant.


Et puis vous êtes traumatisé à jamais par ce coq qui vous réveillait tous les dimanches matins, hurlant sans interruption pendant des heures, toute crête dehors, à 5h30 le matin par une belle matinée ensoleillé, quand vous alliez rendre visite à vos grands parents, quelque part au milieu de la campagne française (ou ailleurs, d’ailleurs).


Un combat de coqs c’est moche, un combat de coqs c’est bruyant, un combat de coqs c’est chiant.


Et puis vous être traumatisé à jamais par ce coq que vous avez vu se faire décapiter un dimanche matin, le cou où se trouvait une tête qui n'y était plus dégoulinant de sang, en vous baladant avec votre grand père à 7h00 le matin par une belle matinée ensoleillé, puisque vous étiez levé depuis 5h30, quelque part au milieu de la campagne française (ou ailleurs, d’ailleurs).


Alors pourquoi perdre 1h30 à regarder un film sur les combats de coqs. Après tout c’est moche, c’est chiant et c’est bruyant ?


Parce que Monte Hellman, ces films épurés, âpres et abruptes.


Parce qu'un film qui s'appelle Cockfighter, ça se regarde, c'est comme ça.


Parce que dans Cockfighter, « Cockpit » n’as rien à voir avec un avion.


Parce qu’un duel de loosers magnifiques entre un Warren Oates qui a fait vœu de silence et un Harry Dean Stanton toujours en costard pour des combats de coqs, ça en impose.


Parce qu'un dresseur de coqs de combat qui s'appelle Mansfield, c'est le destin, une nouvelle démonstration de la prédestination nominale ou peut-être même l'incroyable sens de l'humour du hasard en action, mais dans tous les cas, c'est fichtrement cocasse.


Parce que la mignonne Laurie Bird, son nom aérien, son petit minois trognon et son sourire à faire fondre un Iceberg en Alaska et que vous ne la reverrez pas beaucoup ailleurs, immortalisé seulement trois petites fois sur pellicule, dont une première fois par Hellman, déjà, dans Two-Lane Blacktop, avant de se suicider.


Parce que Warren Oates qui perd sa voiture et sa caravane après un combat de coq et qui part avec sa cage à coq à la main en laissant sa meuf dans sa caravane en arrière plan, c’est une certaine notion de l'homme qui en a une paire grosse comme une ferme planté au milieu de la campagne géorgienne.


Parce que rendre des scènes de combats de coqs palpitantes, sa frise le génie (cette scène dans le Motel entre Oates et Stanton).


Parce que rendre un film sur les combats de coqs léger, sa frise le génie (cette scène ou un spectateur mange goulûment du poulet frit en regardant deux coqs s'entretuer).


Parce que le côté Road Movie fauché et misérable, perdu au beau milieu de nulle part sur des routes poussiéreuses, emballé dans une image granuleuse, c’est toujours sympa.


Parce qu’une immersion dans l'Amérique bien profonde, disons quelque part près du troisième sous-sols des Etats-Unis, avec chapeaux de cowboy, moustaches et salopettes de sorties, emballé dans une image granuleuse, c’est toujours sympa.


Parce que finalement ce n’est ni moche, ni chiant, ni bruyant, à l'occasion un peu brouillon, mais parfois vraiment brillant.


Parce que Monte Hellman, ces fins inattendues, bruts et soudaines.

Clode
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le 31 déc. 2015

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Clode

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