Coco
7.7
Coco

Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina (2017)

Avec Lee Unkrich aux commandes, Coco partait sur de bonnes bases. Coréalisateur de Toy Story 2, du Monde de Némo et de Toy Story 3, il est un des piliers des studios Pixar depuis vingt ans. Une paille ! Ceci dit, l’univers féérique, folklorique et baroque du « Carnaval des morts », le film se rapproche un tantinet de La Légende Manolo (2014) produit par Guillermo Del Toro. Même contexte mais un storytelling totalement différent. Ici, le jeune Manuel est un passionné de musique, coincé dans une famille ayant proscrit toute note, tout instrument, après que son aïeul eut déserté le foyer familial pour s’en aller faire carrière, sans jamais revenir, abandonnant derrière lui son épouse et sa petite fille, Coco. Pourtant, la passion de Manuel sera trop forte puisqu’en voulant suivre les traces de son idole Ernesto de la Cruz, le plus grand chanteur du monde mort accidentellement (et un peu bêtement) en pleine gloriole, il décide d’emprunter la guitare-relique de ce dernier. Malheureusement, par une obscure malédiction, il se voit propulsé dans le monde des ancêtres, entre la vie et la mort.


Comme souvent chez Pixar, l’univers luxuriant prédomine et malgré un sujet morbide, le monde de Coco abandonne le sombre et la grisâtre de son sujet au profit d’une palette éblouissante. Il faut préciser qu’au Mexique, le Jour des Morts est une fête, une vraie, à côté de la laquelle « notre » Halloween ferait figure de kermesse sympathique : fleurs, offrandes, photos, ornements, carnaval, chansons, tout concourt à transformer ce jour en célébration joyeuse. La petite ville de Santa Cecilia brille alors de tous ses feux et dresse les derniers préparatifs aux festivités attendues du côté des vivants… mais aussi des morts. Car l’imagination de Pixar tourne à plein régime. S’il s’inspire évidemment de la tradition mexicaine, les auteurs ont su lui donner l’éclat et la profondeur de leurs plus belles productions. En brassant les thèmes habituels de la famille, du temps qui passe, de la perte et du souvenir (Vice-Versa, Là-Haut, Wall-e, Toy Story), Coco se transforme rapidement en un road-movie alerte, plein de vie et d’espoir.


Si Pixar n’avait jamais autant joué sur la musique (la partition de Michael Giacchino est impeccable), justement, et les chansons, ces dernières s’inscrivent idéalement dans une narration qui parvient à équilibrer l’action, la tendresse et un humour toujours omniprésent. Cinq années de travail pour une œuvre multi-générationnelle et multi-dimensionnelle dont la réussite graphique n’empiète jamais sur l’émotion. Mieux, la mélancolie qui se dégage du film reste en suspens, comme une enveloppe délicate qui saura pousser plus d’un spectateur aux larmes. Pas forcément les enfants. Et c’est avec cet art consommé pour le jonglage et l’équilibre des sentiments que ce Coco touche au cœur. En plein milieu. Aussi, pour mieux vivre son présent, Manuel devra donc faire la paix avec un passé dont il n’est pas le héros mais redevable pour le futur qu’il représente. De cette ultime réunion, entre les vivants et les morts, naît une forme paradoxale de temporalité mélangée et gracieuse, une harmonie unique, sublimée que Lee Unkrich avait atteint lors du final de Toy Story 3. Il esquissait alors une forme de métaphysique initiatique dessinée plus vrai que nature. Aux côtés d’Adrian Molina (également scénariste), il peint l’indicible avec l’arc-en-ciel du sensible.


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AmarokMag
8
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le 14 déc. 2017

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