Cœur de verre
6.5
Cœur de verre

Film de Werner Herzog (1976)

J'avoue n'avoir pas trop accroché à ce film, pourtant j'aime bien Herzog. D'ailleurs je ne suis pas complètement insensible à son film, certaines parties m'ont plu.


Le scénario présente un univers intéressant, bizarre. J'ai trouvé le tout fort peu exploité. Et pourtant cette quête est passionnante en soi, et les concepts liés à cette histoire le sont encore plus.


En effet, la grosse surprise avec ce film, c'est d'apprendre que la majorité des acteurs ont été hypnotisés. Hypnotisés pour apprendre leurs répliques et puis pour les restituer. L'idée de Herzog n'était pas d'avoir un contrôle total de ses acteurs mais simplement d'aller chercher, via l'hypnose, des émotions ancrées au fond d'eux. Ainsi donc, lorsque des villageois parlent d'un géant, ils ont réellement vu un géant, Herzog le leur a fait voir sous hypnose et leur réaction est donc 'réelle'. Herzog a pu capturer des gestes, des réactions, des émotions qui ne leur étaient pas dictées, qui étaient spontanées, qui venaient de leur fort intérieur.


D'ailleurs, tout le film est bizarre, les acteurs sont stoïques, ils parlent comme s'ils étaient en train de dormir en même temps, leur regard est vide. En cela, le réalisateur donne une triste représentation de notre monde, comme si tout était mort, comme si la vie s'en était allée. C'est fascinant. En plus, Herzog filme de manière très contemplative, instaure un rythme d'image qui correspond au rythme des acteurs.


L'on ne s'ennuie pas pour autant, parce que Herzog sait écrire de bons dialogues. Je suis vite frileux face à de la philosophie de comptoir, mais avec Herzog c'est différent, sûrement parce qu'il n'avance que de bribes de discours, qu'il sait quand se taire, qu'il évite d'imposer sa vue comme une vérité essentielle, il s'accroche plutôt à de petites choses et de là découle une ouverture à la réflexion, mais il ne prémâche pas les mots pour le spectateur.


Il y a aussi un côté documentaire à ce film, parce que mine de rien, ça montre certes la vie en suspens d'un petit village mais aussi des techniques pour fabriquer des verres, l'on voit d'ailleurs les artisans à l'oeuvre lors d'une très belle séquence.


Bref, le film est franchement intéressant à découvrir, surtout quand on connaît le 'truc', mais l'histoire, malheureusement, ne va pas très loin, et c'est donc narrativement parlant que je reste un peu sur ma faim.

Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 31 mars 2016

Critique lue 348 fois

2 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 348 fois

2

D'autres avis sur Cœur de verre

Cœur de verre
OlivierBottin
2

Ça m'a laissé de marbre...

Alors que Potemkine réédite toute la filmographie de Werner Herzog dans des coffrets ma foi quelque peu onéreux, j'ai eu la chance de trouver à prix modeste un coffret qui regroupe la plupart de ses...

le 11 janv. 2015

7 j'aime

1

Cœur de verre
Morsula
7

Critique de Cœur de verre par Morsula

Sorti en 1976, Coeur de verre est sûrement l'un des films les plus hermétiques du réalisateur allemand Werner Herzog mais aussi l'un des plus originaux. Fin du dix-huitième siècle, un petit village...

le 31 août 2011

5 j'aime

Cœur de verre
Procol-Harum
7

Rêve sidéral d'un naïf idéal

Œuvre obscure perdue dans une filmographie difficile d'accès, Cœur de verre a tout du film facilement détestable. Que veut nous dire Herzog avec ce récit inspiré du folklore bavarois (avec Hias, le...

le 9 nov. 2021

4 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55