Polar atmosphérique, urbain et nocturne qui privilégie la discussion au profit de l'action, laquelle est traitée de manière décalée, presque ludique, d'où la référence logique à Quentin Tarantino. La singularité supplémentaire du film est de l'inscrire dans une temporalité précise : la période préélectorale de 2008 aux États-Unis (qui vit la première victoire de Barack Obama). La juxtaposition des discours des deux candidats et des dialogues des personnages produit avec finesse un choc servant largement à établir l'état d'un pays en déréliction. La conclusion de Cogan tombe comme un couperet : "l'Amérique, ce n'est plus une nation, c'est un business". Constat tragique, mais pourtant réaliste, tant tout semble se résumer au marchandage et à la négociation. C'est un film noir qui tourne le dos aux effets faciles, préférant l'ellipse, presque l'épure par moments. Des petits truands qui se croient malins au tueur à gages réputé et efficace, c'est une immense lassitude qui parait tous les saisir. Fatigués et désabusés à l'image de leur pays partant de plus en plus à vau-l'eau.
PatrickBraganti
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le 8 déc. 2012

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