Cogan : Killing Them Softly par Hugo Harnois
La crise touche tout le monde, même les gangsters. Si l'on croit que le rare cinéaste Andrew Dominik s'intéresse aux problèmes de l'Amérique, ce n'est qu'à moitié vrai. D'une part parce que son western (genre cinématographique de, et sur les États-Unis) L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford est plus porté sur la psychologie que sur l'Histoire. Et d'autre part parce que Cogan : Killing Them Softly utilise la crise économique comme un prétexte, alors qu'il a pour but de faire référence au dernier film du réalisateur qui n'a pas marché.
Vous allez me dire que cette introduction est bavarde, et vous aurez raison. Mais cette entrée en matière n'est pas faite au hasard et souhaite seulement coller au plus près de l'image que ce film renvoie. Car en effet, dire de Cogan qu'il est loquace serait un euphémisme. Comportant volontairement beaucoup de dialogues, il pourrait ressembler à un Tarantino s'il n'avait pas laissé l'humour et l'ironie de côté. Dommage.
Vous allez aussi me dire que je n'ai pas encore parlé de l'intrigue, et vous aurez raison. Mais c'est une nouvelle fois bien volontaire car le récit ne captive pas. Deux hommes braquent des joueurs lors d'une partie de poker. On fait alors appel à un homme pour les retrouver. Les cheveux gominés et le collier de barbe bien taillé, Cogan est l'homme de la situation. Mais Brad fait le strict minimum en étant juste bon (ce qu'il est naturellement) et en collant à un personnage froid et discret. Dommage.
Les idées étaient pourtant belles et bien là. La crise économique est partout (télévision, radio) mais elle n'est jamais clairement mentionnée par les personnages. On sait que le pays va mal mais le sujet reste tabou. De plus, le réalisateur sublime les scènes de violence et de drogue en les étirant le plus possible. Mais dans quel but rend-il ces images esthétiques ? Avec toutes ces bonnes intentions, on ne voit malheureusement pas trop où Dominik veut en venir. Dommage.