Très beau film, très belle utilisation du noir et blanc, un couple d'acteur jouant à la perfection les folies et les incohérences de l'amour, une évocation subtile des ambiances qui régnaient dans l'Europe de l'après-guerre, une mise en valeur sublime de la musique, qu'elle soit populaire, politisée ou plus "arty", sans oublier les chorégraphies... J'ai quitté la salle avec une immense mélancolie dans le coeur...
Joanna Kulig est une étoile, elle illumine de sa présence le noir et blanc bien travaillé de Pawlikowski. Selon les plans, on pourrait la confondre avec la petite soeur de Jessica Chastain ou celle de Léa Seydoux. Son jeu n'est jamais extravagant, il est toujours juste sur la longueur de la quinzaine d'années (à la louche) qu'évoquent le film.
Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour... Même si les sentiments qui animent nos héros pourront sembler incertains à ceux qui n'ont jamais connu l'amour au vu des actes qu'ils seront amenés à faire, c'est le questionnement sur la vérité de cet amour qui fait pour moi l'intérêt du film, et qui fait que je l'ai adoré, étant un grand romantique.
A noter le plaisir de retrouver Jeanne Balibar, qui est une artiste et une femme qui me trouble beaucoup. Et la prestation de Cédric Kahn, qu'à un moment j'ai confondu avec Sébastien Thoen... lol
Un dernier mot sur les sujets effleurés en arrière-plan de cette histoire d'amour, la beauté de l'art pour l'art, les tentations naturelles des totalitarismes à récupérer l'art au service de la propagande, la force spirituelle que peut donner la religion aux individus... Tout cela par petites touches.
Et surtout LA réplique qui tue dans le film (pas très précis, je n'ai pas une très bonne mémoire):
Wiktor : C'est vrai que tu as tenté de tuer ton père ? Pourquoi ?
Zula : Quand j'avais 16 ans, une nuit, il m'a confondu avec ma mère. Mon couteau lui a rappelé la différence...