Pologne, 1949. Dans les campagnes reculées du pays, sur un fond de guerre froide, des jeunes adolescents se regroupent dans l'espoir d'être recrutés dans une troupe artistique de chant et de danse traditionnelle. Zula attire le regard de Wiktor, musicien chargé du casting. Ils tombent amoureux, s'aiment et se perdent de vue, de Moscou à Paris, pendant une vingtaine d'années.

Cold War, c'est un film sur l'art et l'amour avec de grands A. La musique y est centrale, c'est ce qui garde Zula et Wiktor en vie dans ce climat glacial d'une Europe divisée.
Alors que Wiktor, homme charismatique d'une quarantaine d'années, s'éprend de la jeune et talentueuse Zula, véritable diamant brut, la troupe se retrouve obligée de chanter les louanges de Staline à Moscou. Mais de jolies scènes rythmées par de tendres notes de piano adoucissent cette ambiance si lourde que l'on finit presque par oublier.

Wiktor, cultivé, plus agé, apparait tel un sage à coté de sa Zula, intrépide et sauvage. Ils sont si différents, mais se complètent si bien. Pendant 10 ans, les deux âmes soeurs ne se quittent que pour mieux se retrouver. Lui se retrouve à jouer à l'Eclipse, bar de jazz parisien, tandis qu'elle enchaine les tournées en Europe et se marie à un homme qu'elle n'aime pas.

Ce petit bijou polonais d'une heure quarante a été récompensé par le Prix de la mise en scène à Cannes en 2018, et a été sélectionné pour représenter la Pologne en tant que candidat à l'Oscar du meilleur film étranger. Et on comprend pourquoi, car ce film est doté d'un authentique romantisme, et d'une bande son de charme. Une musique tellement omniprésente, à tel point que le film saute des années, fait des bons dans le temps pour mieux suivre la mélodie. Il arrive même des moments ou l'on ne comprend pas tout, car tout arrive de plus en plus brutalement.

Doté d'une fin tragique, ce film m'a laissée dubitative. D'un autre coté, l'histoire d'amour entre Zula et Wiktor est bien nonchalante. Sans la musique qui fait tout le film, il n'y a presque pas de dialogues entre les deux amants, si bien que les rares déclarations d'amour paraissent trop soudaines voir brusques.

Mais au final, c'est un agréable moment de cinéma tel que je les aime. J'ai eu des frissons car la musique est magnifique, douce parfois, mais aussi puissante que soudaine d'autres fois. Et puis ce noir et blanc très beau, intense et poétique.

Et alors, c'était quoi mon moment préféré ? C'est quand Zula, telle une extraterrestre dans la ville Lumière, complètement ivre, se met à tournoyer sur la piste et sur le comptoir avec quiconque lui tendra des bras pour danser. Rock around the clock de Bill Haley ensorcèle les corps, projète Zula dans le monde de la nuit, de la séduction, de la vie. Tout cela grâce et à cause de la musique, encore une fois.

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louizmo
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le 20 déc. 2018

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