De qui parle donc ce film ? Qui est Colette ? Colette comment ?
Ce film ne parle pas de notre Colette écrivaine, la libre, la splendide, la française, celle qui a sa place accolée au Théâtre.
Il ne faut pas s'étonner, un Américain qui veut s'approprier l'art à la française ne peut que s'effondrer. L'histoire est d'une grossièreté qui chagrine autant qu'elle emballe une foule d'amateurs. Monsieur Westmoreland nous livre le portrait d'une femme en devenir. N'y a-t-il pas plus énorme à raconter de cette femme que ses petits débuts ? Nous parlons d'une autrice de choc, révolutionnaire dans sa forme littéraire et dans l'inouï psychologique de ses personnages. Nous parlons de quelqu'un qui a vécu 81 ans, qui n'a pas manqué d'admiration pour elle-même, qui se savait brillante et dont le caractère était aussi joyeux qu'il était fort. On parle d'une femme qui est devenue femme, qui fut élue à l'Académie Goncourt et qui la présida. Elle fut grandiose et complexe, festoya comme une ogresse. Elle était laide.
Que nous montre ce soit-disant biopic ? Une gourde soumise interprétée par une actrice dont on se demande ce que la beauté vient foutre là. Quand on aime Colette, on aime sa plume et sa gueule. Le cinéma montre son embourbement dans les stéréotypes féminins, où toutes les femmes sont bien jolies ; c'est d'une non-pertinence qui mériterait l'ostracisme. Ce qu'il y a de plus gênant dans cet ensemble non-maîtrisé, ce n'est pas la vision de la femme, dont on nous suggère implicitement qu'elle vaut autant que l'homme - pardon, mais on le sait depuis toujours, les preuves sont là. Ce qui est dégoûtant, c'est qu'un réalisateur, pour flatter la gente féminine, se pense obligé de massacrer ses personnages masculins, d'en faire des lourdauds incapables, voleurs, volages, sans emphase. On ne demande pas au virilisme de s'aplatir pour laisser de la place, inintéressant espace par ailleurs. Soyez donc un peu complexe dans votre façon de penser la masculinité, vous penserez d'autant mieux le féminisme. Colette n'aurait pas supporté ce portrait riquiqui d'elle-même, elle s'aimait bien trop pour cela, et elle aimait bien trop et les femmes et les hommes pour en supporter une telle représentation.
Film à fuir, sauf si vous cherchez l'exemple de ce qu'il faut faire pour fabriquer un navet.

Faust-In
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le 7 janv. 2019

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