L'allemand Florian Gallenberger explore les ramifications post-nazisme du sombre passé de son pays.
On sait que les dictatures sud américaines ont connu une fructueuse collaboration avec quelques rescapés du nazisme.
La Colonia Dignidad est l'un de ces fruits malsains.
Secte nazillarde perdue au fin fond du Chili, la Colonia tenait à la fois du kibboutz et du camp de détention : une fois entré, on n'en sortait plus (les rescapés se comptent sur les doigts d'une main).
Pour la dictature de Pinochet et Contreras, la Colonia fournira complaisamment une armurerie, un centre secret de tortures et l'une des bases arrières de la célèbre Opération Condor.
Ce petit paradis était dirigé par un fou de dieu, prédicateur et ex-nazi, gourou auto-proclamé et pédophile notoire : Paul Schäffer.
Qui ne sera inquiété qu'en ... 2005 !
C'est dans ce décor idyllique, très soigneusement reconstitué, que Gallenberger tourne son film.
Entre romance et thriller, le cinéaste ne s'attarde prudemment ni sur la reconstitution historique, ni sur les explications géopolitiques.
Un jeune couple allemand est pris dans une rafle du coup d'état de Pinochet. Lui, est embarqué à la Colonia. Elle, est libérée mais choisira de le rejoindre de son plein gré. Ach, l'amour !
Si l'on veut bien accepter ce parti pris du metteur en scène (et quelques invraisemblances du scénario), le film est plutôt réussi et a le mérite de mettre en lumière cet épisode méconnu de l'histoire chilienne.
Même si Emma Watson prend trop de place : on aurait aimé en apprendre plus sur Paul Schäffer (Michael Nyqvist) ou sur les compromissions qui permettaient à la Colonia de fonctionner
Mais le plus fascinant n'est finalement pas abordé dans le film (pas même au générique de fin) : la Colonia est devenue en 2007 un centre touristique, Villa Baviera, où nouveaux touristes et anciens rescapés se côtoient dans une ambiance très étrange et toujours très allemande ... clic
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