Je ne sais pas dans quel état d'esprit vous serez au moment d'aller voir ce film, mais moi je pensais sincèrement aller voir un film qui me ferait sourire (voire rire) du fait du sujet. Des adolescents homosexuels envoyés en pension religieuse pour guérir de leur "maladie". C'était comme si j'allais me torturer tout en sachant que la différence et la tolérance auraient le dernier mot alors... je n'ai pas hésité !


Cameron, personnage principal, prend beaucoup de place à l'écran et d'ailleurs je pense sincèrement que Chloë Grace Moretz a rempli son contrat : son jeu d'actrice en tant que lesbienne persécutée, qui ne voit pas le mal dans son comportement et qui n'espère qu'une chose, c'est qu'on la laisse vivre, bordel. Et il y a l'antagoniste, jouée par Jennifer Ehle, Dr Marsh, qui est, comme le disent les jeunes, une sorte de réincarnation de la "maman de Carrie" (amusante référence quand on sait que Carrie a été incarnée par Chloë dans le remake de 2013. Elle est froide, dure, et surtout elle est très chrétienne. D'ailleurs tout ce qu'elle dit se justifie par la croyance et le fait que Dieu ait décidé que l'attirance sexuelle pour le même sexe est un péché.


Très bien... après tout si je suis ouverte d'esprit alors je conçois le fait que certains aient, au contraire, l'esprit étriqué. Ca me va. Sauf que dans ce cas là, les adolescents sont coincés, contre leur gré, dans un endroit où on va leur apprendre à détester ce qu'ils sont, ce qu'ils ont fait, afin de changer ! L'esprit étriqué impose toujours son opinion. Comme si c'était humainement possible de changer d'attirance sexuelle, comme si c'était un choix qu'on nous laissait. Si c'était le cas, pourquoi aurions nous choisi de faire partie des gens socialement rejetés ? La communauté LGBT. Bref !
Là où je veux en venir c'est que dans ce film, même si c'est bien évoqué par Cameron, on ne se sent que rarement oppressé par ce centre de redressement. On devrait pourtant plaindre tous ces pauvres mômes qui n'ont rien demandé à personne ! Bien sûr, quand on apprend pourquoi ils ont été forcés de suivre une thérapie "dépédalisante", on se dit "Putain la/le pauvre...", mais ça dure deux secondes.


En bref, j'aurai souhaité que ce film soit encore plus militant. Il aurait pu l'être j'imagine.. Ou alors on serait tombé dans une sorte de documentaire, et ce n'est pas le but. Disons que je reste sur ma faim.


Néanmoins, c'est un très bon divertissement : amusant, attachant, attristant.. et tout plein d'autres mots en "ant". Il est même excitant. Pardonnez-moi de le dire, mais les scènes érotiques sont bien plus soignées, belles et REALISTES que celles de La vie d'Adèle...


La caméra ne fait jamais de vague, c'est filmé avec la simplicité d'un documentaire justement. Comme le plan fixe sur la table du petit déjeuné dans l'avant-dernière scène, qui fait que le champs avait en vision quatre personnages et quand les trois adolescents quittent la table, le Reverend Rick se retrouve tout seul devant son bol de céréal. C'est tellement fixe qu'on se dit : il va se passer quelque chose au bout d'un moment.


Come as you are, est plaisant en somme. Et je pense qu'il faut le voir car si les événements ont lieu en 1993 dans la fiction, et ça peut paraitre loin à certains (personnellement je n'étais pas encore née), c'est encore ainsi de nos jours, dans certaines familles. La religion n'est pas toujours la cause du rejet, néanmoins c'est sur elle que notre société est basée, que nos codes sociétaux ont été formés : un couple, c'est un homme et une femme, c'est tout. Ca vient d'où ? Eh bien ça vient de la Bible les gars. Et même si tes vieux ne croient pas en Dieu, ils penseront la même chose parce qu'on les a éduqué comme ça.

abauteure
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le 24 juil. 2018

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