La perspective d'un gros film de super héros à la française avait tout du projet bien casse gueule. Bien sûr on avait déjà eu Vincent n'a Pas d'écailles sur le registre du film d'auteur et et série Hero Corp au registre de la déconne euphorisante. Mais Comment je Suis Devenu Super-héros qui fut un temps prévu en salles avant de se retrouver sur Netflix vaincu par la kryptonite Covid 19 avait tout du french blockbuster grand public et premier degrés abordant le genre super héroïque comme le font les ricains. Alors le résultat est il à la hauteur de l'attente et des espoirs suscités par une hype grandissante ? Et bien forcément non, car chassez le naturel et il revient au grand galop et Comment je Suis Devenu Super-héros retombe très vite dans tous les travers que l'on pouvait craindre d'un tel projet.


Nous sommes donc à Paris en 2020 et le film a la bonne idée de jouer la carte d'une dystopie bien pratique plutôt que d'une science fiction trop tape à l'œil et couteuse. C'est donc dans un quotidien très familier que vivent des gens dotés de pouvoirs surnaturels et paranormaux et qui côtoient les humains plus ordinaires. Certains sont devenus des super héros et d'autre écartent juste une poubelle gênante d'un revers de main. C'est dans ce cadre que le flic Gary et sa nouvelle partenaire Cécile enquête sur un trafic de substances donnant à quiconque l'inhale des supers pouvoirs de façon temporaire.


Le plus gros soucis du film de Douglas Attal reste pour moi qu'il ne trouve jamais le ton juste et qu'il se perd souvent à force de vouloir être tout à la fois. Comme me dit toujours un ami qui travaille à la SNCF qui trop embrasse mal étreint et c'est bien l'un des symptôme dont souffre le plus Comment je Suis Devenu Super-héros. D'emblée personne n'a vraiment envie de croire sans sourire à un super héros français puisque ce type de personnage est complétement ancré dans la culture américaine et encore plus depuis que Marvel et D.C.. nous balancent douze films calibrés blockbusters sous testostérone par ans. Donc si tu fais le choix d'assumer un super héros tricolore jusqu'au fond du slip par dessus la cape rouge qui tâche, tu y vas à fond et surtout tu traite tout ça avec aplomb, sérieux et un indéfectible premier degrés. Le problème dans le cas présent c'est que le film flirte souvent avec l'humour, la dérision, le second degrés, presque même parfois la parodie ce qui rend encore plus difficile l'adhésion à son concept de départ. J'avais par exemple très envie de croire à ce personnage de super héros vieillissant et malade interprété par Benoît Poelvoorde alors pourquoi en avoir fait un personnage de comédie maladroit ? J'avais envie de croire en cette super héroïne interprétée par Leïla Bekhti alors pourquoi lui avoir collé un pouvoir aussi moisi et pourquoi je n'arrives pas à y croire une seconde lorsqu'elle tabasse une armoire à glace ? Pourquoi son pouvoir de vision et d'anticipation du futur n'est jamais mis en avant lors des combats alors qu'elle pourrait par exemple anticiper les coups ? La réponse est peut être tout simplement que le ton global n'est jamais le juste et qui si les américains peuvent se permettre de coller de l'humour et de commettre de nombreuses maladresses dans un récit de super héros puisque d'emblée on va y croire, c'est encore loin d'être le cas pour un film français.


Et toujours sur ce registre du ton juste à trouver et tenir sur la durée du film je dois avouer que j'ai terminé Comment je Suis Devenu Super-héros sans vraiment savoir ce que je venais de regarder, car c'est un petit peu tout et beaucoup de rien à la fois. Pas assez épique pour être un film d'action digne de ce nom, trop humoristique pour être une approche intimiste du genre, pas assez tendu pour être un bon thriller avec un vrai suspens, se voulant original tout en pompant des recettes américaines, divertissant tout en voulant garder une dimension sociale, introspectif tout en voulant rester grand public, trop léger pour être sombre etc etc... Je ne comprends pas comment le film peut à ce point se disperser alors qu'il avait des enjeux simples pour réussir. Même avec la meilleure des volontés je n'arrive pas à croire à ce flic qui calme un adolescent incendiaire avec un bonbon, à ce méchant qui joue à la toupie sur la tête de ses ennemis, à ses jeunes qui sniffent des supers pouvoirs comme du poppers et à force de moments qui te sortent du film tu finis pas ne plus croire en rien et tout devient alors tellement superficiel.


Pourtant Comment je Suis Devenu Super-héros n'est pas non plus une purge imbuvable et permet de passer grosso merdo un pas trop mauvais moment. Si l'on reste indulgent avec Swann Arlaud qui en fait un peu des caisses le casting est plutôt bon avec Pio Marmaï, Vimala Pons, Benoit Poelvoorde et Leïla Bekhti et même si l'on est plus proche d'un pilote de série TV que d'un grand film de cinéma la mise en scène de Douglas Attal fait globalement le boulot sans étincelles mais avec sérieux. J'ai franchement bien aimé la bande originale signée par Adrien Prevost et Nino Vella et un peu moins la chanson finale pourtant signé par l'excellent Oxmo Puccino.


Clairement Comment je Suis Devenu Super-héros reste une chouette tentative un peu gauche de venir jouer dans la court des grands quand bien même on aurait pris une panoplie trop petite et mal ajustée. C'est sûr qu'avec leur costume pété de thunes les ricains peuvent continuer tranquilles de parader en bombant le torse. Le plus gros reproche que je ferais à Douglas Attal et son film c'est de s'être volontairement un peu plier aux railleries des autres plutôt que de s'être dressé fièrement en assumant droit dans ses bottes, cape au vent et moule burnes bien rempli d'être modestement mais sincèrement ce qu'il aurait du être , un putain de film de super héros bien français.

freddyK
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le 10 juil. 2021

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