Un premier film prometteur et dont la puissance émotionnelle vous emporte.

Voilà un premier film qui compte et laisse augurer du meilleur pour son auteur, Morgan Simon. « Compte tes blessures » n’a certes pas l’apanage des grands films qui marqueront l’histoire mais constitue une sacrée bonne surprise et une vraie promesse de cinéma dans le créneau du film d’auteur minimaliste en mode mineur, petit par les moyens mais fait avec beaucoup de cœur. On est face à un drame familial autant qu’à une histoire d’amour contrariée et le jeune metteur en scène parvient à marier les deux avec un brio narratif et une puissance émotionnelle digne des plus grands, sans grands effets juste avec une acuité confondante.

On sent que le budget est très mince et que ce film a été fait avec l’économie des débuts, l’aspect formel n’étant donc pas la plus grande qualité du long-métrage, le réalisateur préférant se concentrer sur son histoire. Un scénario à la fois simple mais perclus de sentiments et ressentiments très forts et qui vous prennent aux tripes. Kevin Azaïs est encore une fois bluffant après « Les Combattants » en campant un adolescent à la rage intérieure exorcisée via un groupe de métal dans lequel il chante. Un jeune homme dont les rapports avec son père sont emplis de non-dits et d’incompréhension. Une scène où Vincent demande à son père de lui dire qu’il l’aime est tout bonnement bouleversante dans l’émotion et la véracité qu’elle dégage. Morgan Simon ne sombre jamais dans le pathos et le réalisme qui en découle est à saluer. Il a su capter la banalité du quotidien de ces personnages pour en faire ressortir le meilleur à l’écran.

Parallèlement, le triangle amoureux qui se joue entre Vincent et son père avec la nouvelle compagne de ce dernier, tiraillée entre celui qu’elle vient de rencontrer et les avances et l’attirance qu’elle éprouve pour Vincent, est totalement maîtrisé. On ressent tout autant la tension érotique qui se joue, que les interdits qu’implique un tel adultère. Tout cela se cristallise lors d’une scène finale bluffante de sensualité. Le jeune cinéaste dresse le portrait simple et touchant d’un beau personnage de cinéma et parvient dans un laps de temps très court (à peine une heure et vingt minutes) à nous faire vibrer avec ces protagonistes et à nous toucher en plein cœur. Un beau début qui donne déjà envie de suivre Morgan Simon dans ses prochains projets.