"Pourquoi, pourquoi tout ça n'arrive qu'à moi?"

( Paie ton titre, spéciale dédicace à Sandy Valentino et son formidable "Pourquoi" qui hantait mes compétitions d'équitations l'année de mes dix ans. SI toi aussi tu veux te faire du mal c'est par là : https://www.youtube.com/watch?v=AZpAzktTT_0 )


Trêve de nostalgie mièvre, encore une fois je sors en colère d'une salle obscure. J'avais trainé ma moitié bienveillante voir ce film parce que l'un des acteurs (Nathan Willcocks, à qui je n'ai rien à reprocher) à été mon professeur préféré. J'avais déjà vu quelques courts métrages de Morgan Simon dans lesquels et Nathan Willcocks et Kévin Azaïs figuraient déjà. J'avais déjà trouvé que l'écriture était brouillonne, mais qu'il y avait une énergie à suivre chez ce jeune réalisateur.


L'histoire est assez simple, si la situation ne l'est pas : Vincent est un jeune tatoué, qui chante dans un groupe de hard rock, a perdu sa mère et a du mal à admettre que son père, Hervé, avec qui il ne s'entend que comme il peut, c'est à dire pas beaucoup, fréquente Julia. Seulement Vincent va finir par comprendre son père un peu plus que de raison.


L'énergie est toujours là. Elle réside dans la rage de Vincent (formidable Kévin Azaïs), ses concerts, ses élans, même, je trouve, lorsqu'il ne fait rien d'autre que fixer dans le vide. Malheureusement, le côté brouillon de l'écriture n'a pas été gommé pour cette fois non plus. Il y a des passages qui surviennent un peu comme des cheveux dans la soupe, allez savoir pourquoi.


Par exemple alors qu'il n'en a jamais fait mention jusqu'ici, au sortir d'un jour de marché, le père demande au fils de but en blanc de se casser de la maison. Pourquoi? Ca lui prend comme ça le démange ou bien? Il ne peut pas il y avoir un peu de subtilité, soit le père se rend compte de plus en plus de l'absence de Julia (Monia Chokri) et on le verrait devenir de plus en plus jaloux, soit il pourrait avoir déjà mentionné à son fils qu'il serait peut-être temps qu'il prenne son indépendance, je sais pas moi! Est-ce qu'on est sensé comprendre quand le père dit "Je ne suis pas aveugle" en parlant d'autre chose, qu'il a tout deviné? Alors pourquoi ne pas nous le montrer?


Pourquoi aussi cette scène finale grotesque? Ton fils se pointe dans ton lit, tripote ta nana qui se jette sur lui, et toi tu vas dormir tranquillement dans son lit? Que le père soit bien trop blessé pour réagir je veux bien mais y a in minimum, tu te casses, tu ferme peut-être ta gueule mais tu prépares les affaires de ton fils, ou je sais pas moi, un truc!


Je suis déçue! Ca partait tellement bien! C'était subtil, relativement minimaliste, les acteurs étaient bons (bon, ils le sont restés jusqu'à la fin), on était dedans quoi! Pourquoi précipiter les choses, pourquoi avoir recours à des ficelles si grosses, si caricaturales, si symptomatique d'un cinéma qui en voulant être différent finit par être comme tout le monde?


Les acteurs peuvent être aussi bons qu'ils veulent, il faut qu'on leur donne un matériel crédible, Monia Chokri, pourtant présentant bien, comme une femme sensée, équilibrée même si un peu froide de prime abord, n'a à aucun moment de réaction adulte, ne serait-ce que tenter de se raisonner deux secondes, et son beau-fils avec, non! Il faut qu'elle plonge en une seconde et demie sans se poser de questions.


C'est dommage. C'est vraiment tellement dommage. Je continuerai néanmoins de suivre la carrière d'Azaïs, de Wilcocks, et même de Morgan Simon qui gagnera je l'espère, au niveau de l'écriture avec l'expérience.

EIA
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le 7 févr. 2017

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