C’est un voyage étrange auquel Martin Weisz nous convie, car si tout le monde a entendu parler de ce fait divers monstrueux ayant eu lieu en Allemagne il y a quelques années, les détails restent flous, mais chacun semble avoir sa petite idée sur la question. Ainsi, le film se révèle intéressant (dans la mesure où il détaille à sa façon un fait divers) pour son interprétation de l’évènement. Et en quelque sorte, le message pourrait se résumer par un « donner sa chair par preuve d’amour ». Une interprétation qui fait sourire (personnellement, pour le whiskey, je prends juste un doigt), mais que le film va tenter d’illustrer en se focalisant sur le parcours des deux personnalités fortes de cette affaire. Pour Oliver, on suivra le portrait d’un enfant plutôt ouvert qui se lie d’amitié avec un autre « associable » comme lui. Amitié qui s’oriente rapidement vers une petite recherche dans le trash (une fascination pour Hansel et Gretel, une sortie au ciné pour un film d’horreur). Mais sans que cette relation devienne vraiment malsaine, Oliver est victime de la vampirisation de son quotidien par sa mère, une mère étouffante qui pour s’assurer de la présence de son fils, s’arrange pour lui faire porter la responsabilité de sa santé vacillante. Ainsi, Oliver se retrouve vite coupé du monde, avec pour seul « fantasme » ces derniers instants avec son ami où ils faisaient des recherches trashs, recherches qu’il se met à poursuivre de son côté et sur lesquelles il se focalise beaucoup trop, voulant peu à peu goûter la chair de son prochain. La tendance de ses désirs semble plutôt tournée vers l’homosexualité, même si le personnage ne fera jamais vraiment de « coming out » avant le drame. Pour Simon, son parcours est différent. Suite à une petite et brève expérience homosexuelle pendant son enfance, sa mère, découvrant l’affaire, se suicide. Portant la culpabilité du fait, Simon grandit dans le regret, développe un caractère qui le pousse à vouloir se punir du mal qu’il croit avoir fait. Son homosexualité ne semble pas liée à ces faits, si ce n’est qu’il semble rechercher de la violence dans les relations qu’il cherche à établir (d’où son attrait progressif pour des sites trashs sur lesquels il finira par rencontrer Oliver). Le personnage de Simon est plutôt bien façonné, sa personnalité et la description de son quotidien semblant tout à fait plausibles dans le cadre de l’affaire. Après, le film accélère peut être un peu trop les choses, réglant en quelques mails tordus les détails de la rencontre des deux personnalités du film. C’est clairement l’attitude consentante de Simon qui bénéficie du meilleur traitement, même si dans son cas, Oliver et ses origines sont elles aussi crédibles (on pense à Psychose). Hélas, si le film s’était arrêté à cette approche psychologique de nos individus, le film aurait pu être gentiment réussi (malgré un rythme pas toujours rapide), sobre et esthétique à la fois (la photographie léchée, les ambiances bien étudiées, la facture technique est de qualité). Mais il y a hélas cette étudiante en psychologie criminelle. Si encore, on pouvait se l’encadrer pendant l’introduction, elle devient rapidement agaçante, rajoutant toujours son grain de sel en revenant sur les lieux d’enfance de nos persos, nous donnant sa version des faits, son opinion sur l’affaire… Bref, elle ralentit le rythme du récit, n’apporte pratiquement rien à notre réflexion, et devient même franchement hypocrite en découvrant les vidéos tournées par Oliver lors du « Dîner », en se couvrant les yeux, en affichant des grimaces de dégoût et en répétant « oh mon dieu ! oh mon dieu !... ». Tu t’attendais à quoi, gamine ? Tu bosses sur un des faits divers les plus trashs de ces dernières années, et tu te permets encore des réflexions aussi primaires ? En conclusion, on saura donc que le cannibalisme, c’est mal, et qu’il ne vaut mieux pas voir ces images… Ah, d’accord. Si cette conne d’étudiante vient ralentir le film et bousiller la fin (quand même bien jouée par la mignonne Keri Russel), Confession d’un cannibale est un petit film trash qui s’assume, qui offre une vision pas inintéressante de « l’évènement » sans pour autant révolutionner nos attentes. Toutefois, une certaine retenue dans la violence physique (pratiquement pas de gore à l’écran) et une facture esthétique plaisante viennent donner quelques qualités à ce petit film qui risque fort peu de s'extraire de l'anonymat.
Voracinéphile
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le 13 mars 2014

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