Les liaisons dangereuses ont un parfum de mangue

Confident Royal se déguste comme un très bon cru comique qui fait preuve – et là se tient sa plus grande force – d’une insolence par périodes assez surprenante, en parfait accord avec le regard que son cinéaste porte sur l’Angleterre depuis quelques films déjà. Sans révolutionner une recette qu’il sait fonctionner, Stephen Frears joue des interdits et semble même construire la relation entre ses deux protagonistes principaux comme une liaison dangereuse : regards prohibés, solitude partagée dans l’alcôve, jalousie ambiante, sans que cette tension d’ordre érotique ne tombe dans le n’importe quoi. Car c’est un portrait tendre et humain que le cinéaste brosse de la reine et de cet émissaire indien : par petites touches, il dessine une passerelle entre les peuples et leur culture, il incarne l’amitié entre deux êtres que leur clivage géopolitique respectif tend à séparer ; néanmoins, et contre vents et marées, l’amitié est combattue, comme le plus précieux des trésors, un bijou qui vient casser le cérémonial étouffant et déshumanisant de la reine, un trophée aussi fragile qu’éternel – la scène finale émeut par sa justesse. Deux très bons acteurs campent les rôles titres et s’amusent des déguisements qu’ils n’ont de cesse de porter malgré eux, jusqu’à enfin les défaire dans l’intimité de leur histoire. Le film est une lutte pour restaurer l’intime au sein de ce qui pourtant est appelé famille, s’empare de l’Histoire pour en faire la scène tragique sur laquelle se produisent deux âmes pour un temps réunis. En dépit de facilités scénaristiques parfois très balourdes, Confident Royal fait rire et touche au cœur. C’est déjà beaucoup.