Nous ne présentons plus James Wan, Dead Silence, le premier volet de la saga Saw, Death Sentence, Insidious, Fast and Furious 7, ainsi que très prochainement Aquaman, à seulement 41 ans, le réalisateur malaisien s'impose comme l'un des meilleurs réalisateurs du 21ème siècle et lorsqu'on voit Conjuring, il est dur de contester la place de James Wan dans le milieu du cinéma. Ce film est donc inspiré d'une histoire vraie (on n'y croit ou pas c'est un autre problème) nommée « L'affaire HarrisVille ». Elle fait partie des 4000 affaires et plus existantes et elle est vantée dans le film comme étant l'affaire la plus terrifiante qu'ils aient eu à traiter. Déjà d'entrée le second volet m'a plus fait bader mais c'est le ressenti personnel des Warren et on le comprend très bien dans le film avec les différentes expériences qu'Ed et Lorraine ont eu et ils ont d'ailleurs bien failli refuser cette affaire à cause d'un traumatisme récent qui est très bien expliqué dans le film.


Cette affaire parle donc de la famille Perron venant tout juste d'emménager dans le Connecticut, mais la maison semble hanter et des phénomènes paranormaux d'abord insidieux puis de plus en plus violents vont faire leur apparition et chaque membre de la famille vont en être victime, ils feront donc appel au démonologue Ed Warren et sa femme medium Lorraine Warren.


Le synopsis est très basique, c'est vu et revu, une nouvelle maison, une famille hantée, blablabla c'est très classique... mais qu'est ce que c'est bien traité ! L'ambiance est très bien mise en place, ça monte en crescendo mais la différence avec les autres films c'est que c'est intégré au scénario et j'ai envie de dire que ça c'est beau. Dans un cours paranormal donné par les Warren, ils expliquent que la présence d'un démon va en 3 étapes : l'infestation, l'oppression et la possession, ce qui colle parfaitement avec ce qu'il se passe dans la maison Perron.


Bien sûr, je ne dis pas que Conjuring révolutionne le genre et que c'est original, il reste très simple sans fioritures mais qu'est ce qu'il est efficace. Sans trop en dire, on sent un malaise dans le film dès le début de l'histoire des Perron et ça tient en une scène : le chien ne veut pas rentrer dans la maison. C'est connu comme quoi les animaux ressentent les esprits et autres, ça a été vu dans plein de films mais ça suffit pour instaurer un certain malaise et une inquiétude. Ensuite ce malaise est accentué par le tableau, alors non je ne parle pas d'un tableau de peinture mais le cadre de la maison : elle est entourée de bois et un très vieil arbre la surplombe, ce qui donne une impression d'être dans un lieu qui a une histoire, mais aussi comme si l'arbre les observait et les dominait on a donc une jolie métaphore de l'entité habitant ces lieux.


À l'intérieur, on a des très grands couloirs, des très vieux objets notamment une horloge ou bien une penderie qui n'appartiennent pas aux Perron et là tout de suite on se dit : « Ok ils n'ont pas mis leurs meubles ils ont gardés les anciens, clairement ils ne se sentent pas chez eux et les phénomènes les poussent à partir» et ça c'est du travail de l'inconscient, enfin peut être que ce n'était pas pensé de cette manière mais c'est comme ça que je l'ai ressenti.


Après pour avoir peur dans un film d'horreur, le malaise ne suffit pas il faut aussi avoir des personnages attachants afin d'avoir peur pour leur vie et je dois avouer qu'ils le sont, que ce soit la famille Perron ou bien la famille Warren. Parlons tout d'abord de la famille Perron : Les acteurs sont bons, les personnalités sont justes, les dialogues crédibles, on sent une vraie famille, ils connaissent leurs soucis, ils s'amusent ensemble ils ont des habitudes, on sent une réelle unité on a donc maintenant une raison d'avoir peur pour nos sept personnages (cinq filles et les parents).


Alors maintenant qu'on sait pourquoi on a peur pour les Perron, pourquoi a t-on peur pour les Warren ? Et bien pour commencer, on a une entame d'un background ils ont donc une histoire et ont existé avant le début du film. On nous évoque donc dès le début, les précédentes affaires, les entités puissantes qu'ils ont affrontés, notamment une possédant un fermier et durant cet exorcisme quelque chose d'assez spectaculaire s'est produit, ce qui a traumatisé Lorraine. Le réalisme est encore plus travaillé lorsqu'ils plaisantent par rapport aux individus les traitant de fraudes mais on nous indique très vite et de manière intelligente que ce n'est pas le cas puisqu'ils vont enquêter sur une affaire le temps d'une parenthèse et font savoir au couple qu'ils ont un problème de plomberie plus qu'un phénomène paranormal.


À côté de ça on apprend qu'ils en sont à leur seize ans de mariage, qu'ils ont une fille, ils s'épaulent l'un l'autre et au delà des personnages il y a une réelle alchimie entre Vera Farmiga et Patrick Wilson, ils incarnent leurs personnages à merveille et le couple fonctionne vraiment bien.


Ensuite il y a une troisième raison optionnelle pas toujours réussi dans les films d'horreur voire presque jamais réussi, mais très bien maîtrisé dans celui-ci, les jumpscares. Car oui, le soucis ce n'est pas que le réalisateur veuille faire sursauter le spectateur, le soucis c'est que bien trop souvent c'est prévisible, on sait à quel moment ça va surgir et aussi de quel endroit, ce qui fait sursauter ne sera donc pas l'objet censé faire peur mais le bruit soudain qui l'accompagne. James Wan, lui, en place mais jamais au moment ni à l'endroit où on pourrait croire. Pour donner un exemple imaginaire, un personnage va simplement étendre un drap, activité normale, mais petit à petit le plan va changer, un nouveau décor va apparaître une légère musique sera percevable en fond et un phénomène va se passer disons vers la cabane. Ce personnage ira donc vers la cabane et finalement le danger ne sera pas dans la cabane mais à une fenêtre à l'étage, quelques secondes après qu'on se dise "C'est bon y avait rien".


Maintenant évidemment il faut des grosses scènes de peur pas seulement une porte qui se claque ou bien une silhouette au loin, il y a un moment où le démon doit passer à l'action et il faut que ce soit impressionnant et je dois avouer que ça l'est, que ce soit ses apparitions soudaines au dessus d'un meuble ou bien la façon que le démon a de piéger les personnages, ou bien de les agresser. Lorsque c'est encore insidieux des marques vont apparaître, on va sentir sa présence mais ça reste encore calme... mais lorsque le démon attaque frontalement bordel j'aimerais pas être dans la maison, le sol tremble les personnages sont projetés dans tous les sens, les meubles bougent de manière assez violentes, le travail de l'impressionnisme est méticuleux, rien à dire là dessus à part pour un point... à un certain moment des croix vont tomber, et un personnage va être traîné dans toute la longueur et la largeur de la pièce, la rapidité et la violence sont assez impressionnantes mais un plan séquence aurait été plus efficace que les cuts pour lesquels James Wan a opté et je dirais même que cette scène était un appel de phare au plan séquence, ça m'a énormément frustré je dois l'avouer.


Bien sûr le film n'est pas parfait. Je ne parlerai pas de la stupidité des personnages car c'est un mal nécessaire pour les films d'horreur, car si les personnages font tout de suite appel à un démonologue si ils ne vont jamais à la cave et s'ils ne sont jamais seuls, et bien il n'y a pas de films. Non c'est trop facile de s'attaquer à ça, je vais plutôt m'attaquer à la plus grosse incohérence du film : Tout le monde voit les entités. Enfin le soucis est plus le fait que c'est présenté comme un don rare puisqu'ils font appel à une médium mais finalement tous les membres de la famille Perron voient le démon à un moment ou à un autre, alors que c'est présenté comme un don rare. Ils auraient dû limiter ce don là à deux personnages : Lorraine Warren et la petite qui voit un fantôme grâce à un jouet, ça confirmerait que c'est un don et ça accentuerait le malaise au sein de la maison mais tout le monde voit les fantômes, la différence entre eux et Lorraine étant que cette dernière peut voir les événements du passé et c'est tellement flagrant comme erreur que je me sens obligé de le qualifier d'incohérence.


Ensuite, un peu après le milieu du film et pendant 10 minutes, l'histoire n'avance plus, les personnages stagnent, plus d'activités paranormales et tout redescend un peu, l'intérêt se fait moins ressentir mais heureusement tout remonte petit à petit.


Et du coup ben le plan séquence manqué par James Wan, sinon je n'ai pas grand chose de négatif à dire sur Conjuring, si tous les films d'horreur étaient comme ça, le genre serait moins stigmatisé et on n'aurait pas une sorte de cahier de charges comme a très certainement subi le spin-off : La Nonne.

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le 21 sept. 2018

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Greengoblin

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