Connectés n’est pas une œuvre de cinéma mais une vaste partie de Cluedo filmée qui s’étend sur près d’une heure et demie. Et à la différence de Knives Out (Rian Johnson, 2019) qui s’emparait du jeu de rôles par une mise en scène qui engageait la forme, le mouvement, le cinéma en somme, dans une série de fausses pistes, ou plus récemment d’À Cœur battant (Keren Ben Rafael, 2020) qui soumettait la cellule conjugale à l’épreuve de la distance physique et politique par le biais des caméras portables (téléphones, ordinateurs etc.), la production française ne pense la webcam que comme un prétexte à l’absence totale de mise en scène, un cache-misère censé pallier la carence en vision esthétique ou en talent. Aussi le long métrage de Romuald Boulanger apparaît-il opportuniste : non pas parce qu’il s’empare d’un sujet de société actuel, mais parce qu’il s’en sert à des fins intéressées pour tenter de cacher sa médiocrité et tabler sur la propension de certains spectateurs à s’identifier aux situations représentées – d’autant que le public visé est également celui qui organise des apéros à distance. Ses acteurs n’y changeront rien : bloqués devant leur écran, ils n’ont tout simplement rien à interpréter, aucun espace de jeu. Pas de cinéma là-dedans.