Sorti en 2011, Contagion connaît un « succès » particulier aujourd’hui, compte tenu du contexte dans lequel nous nous trouvons actuellement.
N’étant pas vraiment fan des films de Soderbergh, je n’avais jusqu’à aujourd’hui pas visionné ce film. La pandémie que nous traversons depuis plusieurs mois m’a finalement convaincu de m’y intéresser. Et quel résultat !
Ce film fait froid dans le dos, par l’aspect visionnaire qu’il apporte et le caractère presque apocalyptique que prend la situation. Si la pandémie de coronavirus a marqué un tournant dans le monde actuel par son ampleur et ses répercussions (sanitaires, économiques et sociales), elle demeure toutefois très loin du MEV-1, le virus ravageur de Contagion.
Ici vous pouvez spoiler !
La dimension première mise en avant par Soderbergh est la dimension temporelle. Tout se passe ici très vite : apparition du virus, premiers symptômes, mortalité très rapide, circulation très active, multiplication des foyers de contagion... En l’espace de 2 mois, des millions de morts sont à déplorer rien qu’aux États-Unis, c’est pour dire la gravité ravageuse que prend la pandémie ici.
Deuxième aspect sur lequel le film met l’accent : les réactions humaines, à l’échelle individuelle et collective, rendant la situation encore plus insoutenable. Des magasins pillés aux vols avec effraction en passant par des déchaînements de violence, le film fait le cruel constat de ce à quoi l’être humain en situation de crise peut tendre. Où subsistent les limites de chacun quand sa survie et celle de ses proches ne tiennent qu’à peu de choses ?
Des réactions individuelles peuvent également avoir de graves répercussions sur de grands groupes de population, comme l’illustre le personnage du film très influent sur Twitter. Dans une époque où les réseaux sociaux ont pris une place centrale dans la société, y véhiculer des « Fake News » peut se révéler dramatique par l’influence que peuvent avoir certaines personnes (internautes, stars, hommes politiques...). Et sur ce point, le film est loin de la réalité d’aujourd’hui, où certains de ces personnages néfastes à l’influence colossale sont des Chefs d’Etats en personne..
Dans une époque pas si lointaine où les États-Unis vivaient sous la Présidence d’Obama, le film laisse apparaître une gestion appliquée de la pandémie, où les autorités politiques semblent travailler main dans la main avec l’OMS, se souciant en premier lieu de la santé de leurs concitoyens avant le PIB du pays. La situation actuelle aux États-Unis est tout autre et contrebalance totalement avec celle visible dans le film...
Sur le plan sanitaire, l’approche de la situation pour identifier le patient zéro, les mécanismes de contagion et de propagation, les recommandations pour se protéger, ou encore les risques accrus pour les agents de terrain sont montrés avec clarté. La séquence de fin où on visualise comment est apparu le virus est particulièrement bien faite.
A cheval entre le film et le documentaire, Contagion apporte une réflexion intelligente sur l’apparition et la gestion d’une pandémie, tout en apportant quelques moments d’émotion, comme la séquence du “ bal de promo confiné “ où la fille de Matt Damon et son petit-ami se retrouvent après une longue séparation...
Ici vous pouvez spoiler !
Porté par un gros casting (auquel j’enlèverai volontiers Marion Cotillard, que je trouve ici fade dans son interprétation), Contagion est une vraie réussite.