Adieux en demi-teinte

Pour son (très probable) dernier film, Bertrand Blier ne partira ni triomphant, ni honteux. Je ne vais probablement pas être très original, mais cette idée de départ, je la trouvais vraiment excellente, pour ne pas dire franchement réjouissante. D'ailleurs, on sent bien que le réalisateur a pensé à peu près à tous les ressorts, idées, situations que cette mise en abyme pouvait proposer, chacune étant évoquée de façon plus ou moins concrète durant les 85 minutes. À ce titre, on sait gré à l'auteur de « Préparez vos mouchoirs » d'avoir fait court, si bien que je ne me suis jamais réellement ennuyé, à défaut de me passionner pour autant.

Et c'est un peu le problème de « Convoi exceptionnel » : il est toujours entre deux. D'un côté, on ne peut que saluer l'habileté de Blier pour clairement sortir des sentiers battus, son sujet offrant suffisamment de possibilités absurdes et d'interrogations pour qu'on s'y intéresse un minimum. Mais ce n'est justement que ça : le minimum. Ce dernier se contente presque de balancer ses (bonnes) idées sans en faire grand-chose, certaines scènes apparaissant bien peu convaincantes, voire outrancières, provoquant parfois le surjeu du duo Gérard Depardieu - Christian Clavier, par ailleurs plutôt bon.

Alors que l'œuvre aurait pu être vertigineuse de réflexions sur le sens de la vie, de la création, le réalisateur se limite à une comédie pas vraiment drôle, où il semble très bien savoir où l'emmener sans se donner la peine d'exploiter son potentiel. La scène finale est, à ce titre, fort représentative : on évoque ces alternatives infinies, mais cela reste assez vain, ne mène pas à grand-chose, même s'il n'est pas interdit d'y sourire (un peu de mauvais esprit, ça ne fait jamais de mal). Bref, si ces adieux au cinéma n'ont rien d'infamant, on est en droit de penser qu'ils auraient pu (dû) être d'un tout autre acabit. Frustrant.