Ours d’or au dernier festival de Berlin, ce Corps et âme s’ouvre comme un film animalier, avec une scène entre un cerf et une biche vivant d’amour et d’eau fraîche dans une forêt enneigée, puis des vaches dans un abattoir prêtes à être abattues. Vous me direz c’est un peu le jour et la nuit de la condition animale ? Oui, mais c’est aussi la nuit et le jour de l’homme et de la femme dont le film va nous conter l’histoire.


Il est directeur de cet abattoir de bovins, elle est la nouvelle contrôleuse qualité de la viande de ces mêmes bovins (on nage en plein romantisme n’est-ce pas ?). Enfin, ça c’est le jour, parce que la nuit cet homme et cette femme ont la particularité extraordinaire de faire le même rêve. Nuits après nuits, ils rêvent tous deux qu’ils sont lui un cerf, elle une biche, dans une forêt enneigée, au bord d’une rivière. Evidemment, quand ils vont apprendre que chaque nuit ils s’aiment comme des bêtes (mais chastement), ils vont tenter de se rapprocher dans leur vie diurne.
On va alors assister à une belle rencontre entre un homme d’âge mûr, bienveillant, mais résigné à finir sa vie seul et une jeune femme autiste, craintive mais volontaire, aux gestes mécaniques comme un robot. Ils aimeraient bien concrétiser cet amour qu’ils vivent en rêve, mais du rêve à la réalité il y a souvent un pas difficile à franchir.


La photo est belle aux teintes froides et claires qui tranchent avec le rouge du sang qu’on voit couler parfois. La caméra est souvent proche des corps, à fleur de peau, pour mieux dévoiler l’âme des protagonistes. Les deux comédiens sont impeccables, lui à la bonhomie rassurante dans le style d’un Jean Rochefort (auquel il ressemble), elle inquiétante avec son regard hagard et sa rigidité maladive
C’est déroutant, lent, fascinant, poétique, parfois dur, parfois drôle, onirique par moments, ou au contraire d’un réalisme cru, à la fois corps et âme. Une histoire d’amour très originale. Pour moi, un des meilleurs films de cette année 2017.

Roinron
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2017

Créée

le 30 oct. 2017

Critique lue 1.3K fois

13 j'aime

12 commentaires

Roinron

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

13
12

D'autres avis sur Corps et Âme

Corps et Âme
AnneSchneider
10

Briser les glaces

Le dernier long-métrage de la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi repose d'abord et avant tout sur une coupure, coupure rejointe et traversée par de nombreuses autres : coupure classique,...

le 30 oct. 2017

27 j'aime

10

Corps et Âme
Francis-San-Marco
8

Le lien entre poésie, visuel et symbolique : l'art selon la vision germano - slave

[...] Je sors de la salle il y a quelques heures et je me dis : Wow, quand est ce que j'ai vu ça pour la dernière fois ? [...] En marchant pour rentrer chez moi, je réfléchis, avant de me rappeler :...

le 26 oct. 2017

25 j'aime

3

Corps et Âme
SanFelice
8

Dans la fôret enneigée

Finalement, le film Corps et âme pourrait se résumer à une histoire de contacts. Contact physique, contact social, contact humain, et au bout du compte, quand tout le reste est rejeté, un improbable...

le 21 mars 2018

24 j'aime

3

Du même critique

Call Me by Your Name
Roinron
6

Une pêche un peu fade, qui m'a laissé sur ma faim

Quelle déception ! J’avais entendu tellement de bien de ce film que je m’attendais à passer un grand moment. Hélas, il ne m’a pas fait vibrer. Je l’ai même trouvé plutôt fade, lent, presque ennuyeux...

le 14 mars 2018

34 j'aime

114

Une pluie sans fin
Roinron
5

Memories of China

Fortement inspiré de Memories of murder (meurtres en série dans une province reculée, pluie incessante, faux coupable tabassé, vrai coupable non identifiable, background socio-politique) ce premier...

le 27 juil. 2018

28 j'aime

23

I Am Not a Witch
Roinron
7

Ma sorcière mal aimée

Vous connaissez la Zambie ? Et le cinéma zambien ? Personnellement je ne connais de la Zambie que les chutes Victoria, à la frontière avec le Zimbabwe, et encore uniquement par le biais d’un...

le 2 janv. 2018

21 j'aime

6