Passé inaperçu lors de sa sortie en salle, Corrina Corrina, comédie signée Jessie Nelson, réalisatrice de Sam, je suis Sam, est un film qui arrive à mélanger la tristesse, le rire, la joie, et la bonté. Après Marry Poppins et Madame Doubtfire, voici une nouvelle gouvernante pas comme les autres. Prêt pour un feel good movie qui vous redonne la pêche ?


Elle n’est pas exactement ce qu’ils recherchaient…


Si vous ne connaissez pas encore Corrina Corrina, si vous avez aimé Mary Poppins et Madame Doubtfire, il est grand temps de réparer cette erreur impardonnable. Encore un film que je regardais des dizaines et des dizaines de fois étant enfant et que je prends toujours autant plaisir à revoir étant adulte. Corrina Corrina c’est une excellente comédie dramatique servie par d’excellents acteurs. On passe du rire aux larmes, on prend plaisir à voir que nos protagonistes, en deuil, reprennent gout à la vie grâce à une femme joyeuse et drôle en la personne de Corrina, et son se demande comment cette jolie histoire va se terminer.


L’introduction de notre film est plutôt originale. On décide de filmer, de montrer le point de vue de la petit Molly confrontée à la mort de sa mère et qui perd tous ces repères. La pire atrocité pour une enfant de huit ans. Mention spéciale à l’actrice Tina Majorino, très convaincante, talentueuse, adorable, touchante, qui voit son personnage évoluer tout au long du film.


Notre pauvre Molly qui ne parle plus depuis la mort de sa mère, espère pouvoir la revoir, croyant dur comme fer qu’elle n’est partie que pour quelques temps, et qui se retrouve à avoir peur de perdre également son gros fumeur de père, depuis qu’elle a vue une publicité montrant que « fumer tue ». Ce dernier n’étant pas au mieux de sa forme, tente d’assumer son rôle, s’occupant de sa fille, essayant de lui redonner le sourire mais en vint. Déchirant. C’est à partir du moment où il fera entrer Corrina dans sa vie et celle de sa fille qu’un miracle va avoir lieu. Le point le plus positif dans Corrina Corrina, c’est qu’on n’est jamais au bout de nos surprises. On veut vous faire du bien, on veut toucher profondément votre cœur et ce, de manière constante. Nous assisterons à de grands moments d’émotion qui vont se passer petit à petit au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue. La réalisation est formidable, le film rythmé, l’ambiance remplie de poésie, les personnages secondaires eux aussi importants.



« Salut toi, je m’appelle Corrina et je parie que tu es Molly. Et j’ai
entendu dire que t’avais pas envie de parler ces temps-ci mais
j’t’assures, ça m’dérange pas. Ca m’facilite même plutôt le boulot.
Oh…joli vélo ».



…ni ce qu’ils attendaient…


Une belle moralité sur les préjugés entre races et entre classes sociales, une belle réflexion sur le racisme et comment étaient perçus les afro-américains dans les années 50, voila ce que cette comédie nous livre. Ce film est aussi une comédie où l’on rit autant que l’on pleure. Le réalisateur trouve le parfait équilibre entre le drame et la comédie sans jamais exagérer ni sur l’un, ni sur l’autre. Jamais trop de drame pour éviter de faire sombrer le spectateur dans une profonde dépression, jamais trop de comédie pour éviter de faire tourner le thème de notre film (le deuil) dans la dérision. Regarder Corrina Corrina, c’est comme rester des heures devant la vitrine d’une animalerie. Mignon tout plein.


Le trio Goldberg/Liotta/Majorino vaut tout son pesant d’or. Performance authentique merveilleusement touchante pour ces trois acteurs. Ray Liotta est au sommet de son talent et nous montre une autre facette de sa personnalité. Lui qui interprète toujours des rôles de pourris inverse la tendance et s’avère être très touchant dans cette comédie. Pour la pétillante Whoopi Goldberg, rien à dire, c’est toujours aussi parfait, elle fait ce qu’elle sait faire le mieux : guérir les personnages (et même les spectateurs) de la morosité avec sa joie de vivre. Il sera intéressant d’explorer la vie de cette femme vivant avec sa sœur, son beau-frère, son neveu, et ses deux nièces. Beaucoup de tensions entre Corrina et sa sœur. Forcément, il y a des petits passages injustes, durs, mais ces éléments permettent de donner plus de profondeur aux personnages et de donner aussi cette grosse touche de réalisme au film qui a des allures de conte pour enfants sans vraiment en être un.


…mais en fait, elle est exactement ce dont ils avaient besoin


Un pur bonheur de voir Corrina s’occuper de la petit Molly comme si elle était sa fille. Molly apprendra beaucoup avec Corrina. Comment fonctionne le monde du travail, l’éducation, la spiritualité, l’amitié, la différence, le courage d’affronter ses peurs (la scolarité est ici très importante), la petite fille en ressortira grandit. Jamais de prise de tête, jamais de niaiserie, tout sonne véridique. Voir cette enfant reprendre petit à petit gout à la vie n’a pas de prix, même si le personnage est fictif. Le personnage de Manny est lui aussi bien travaillé. Etant compositeur de jingles publicitaire, il s’occupe de trouver la chanson idéale pour accompagner les pubs de produits (comme du pudding). C’est lui qui compose tout ca. Plutôt intéressant de découvrir son travail, voir toute cette créativité et son inspiration parsemés dans le film. Les jingles qu’il invente, tordants, ne manqueront pas de vous amuser.


Quant aux dialogues, aux répliques, ils sont à l’image de l’aura qui entoure ce film : c’est d’une beauté, d’une philosophie et d’une spiritualité émouvante.


Coté bande originale, Corrina Corrina comporte beaucoup de morceaux de piano qui dominent mais, pour coller à la culture afro-américaine, il y a aussi beaucoup de jazz. On a visiblement affaire à de gros fanas de Louis Armstrong. De quoi permettre à ceux qui ne connaissent pas, de découvrir le talent de cet artiste à la voix râpeuse et paisiblement mélodieuse (cf What a Wonderful world). C’est ça Corrina Corrina, c’est ce genre de comédie aux airs simplistes qui s’avère être bien plus lucrative et philosophique qu’elle n’y parait.


Au final, Corrina Corrina est une comédie dramatique sans aucune prétention où tout sonne poétique. Comédiens formidables et attachants, décors, vêtements et musiques sonnant très années 50/60, jolie réflexion sur les préjugés et le racisme, des répliques touchantes et profondes, un film rempli d’espoir, de tendresse, aussi émouvant que drôle. En bref, cette comédie est tout simplement à découvrir pour certains, à revoir pour d’autres, et à partager entre amis ou tout simplement en famille. Culte.

Jay77
9
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le 15 nov. 2016

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Jay77

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