Il y a une chose qu'il faut que vous sachiez avant tout. Avant que vous mettiez les pieds dans la salle de cinéma. Avant que vous enfonciez votre divin fessier dans un fauteuil de velours rouge. Avant que vos yeux viennent palper toutes les images que Cronenberg aura voulu mettre dans votre tête. On vous a menti. Si vous comptez aller voir Cosmopolis appâté par sa bande-annonce rythmée, accrocheuse, sulfureuse, pleine de promesses de sexe et de violence, alors vous allez vous faire rouler dans la farine; Cosmopolis n'a pas grand chose à voir avec sa bande-annonce.

Le dernier Cronenberg est un film où l'on parle, surtout. Un film tout fait de dialogues enfermés dans l'espace réduit d'une limousine de location luttant pour faire son chemin à travers la ville. On y disserte sur l'économie et le discours fait mouche. Dans un époque où la plupart de la sphère médiatique nous bassine sur la chute du capitalisme, Cosmopolis dépeint ce dernier comme un système non pas en crise (fulgurante mais anecdotique) mais étant à part entière une crise.

Eric Parker est à l'image de cette réflexion, jeune trader au destin apparemment maîtrisé et au visage remarquablement mono-expressif , il se découvre au fil du film comme un personnage pulsionnel et obsédé par des préoccupations primitives (la nourriture, le sexe, la mort). Plus qu'une carapace qui se fissure, c'est l'histoire d'un gars qui laisse la place à ses névroses.

Défilent devant lui une multitudes de personnages venus ajouter leurs mots au petit traité d'économie de Cronenberg. Ressortent surtout à mes yeux l'apparition de Mathieu Almaric (en génial artiste fou attaquant Parker à coup de tarte) qui rattrape une Juliette Binoche dépourvue de consistance et celle, finale, de Paul Giamatti brutalement juste et déroutant.

On peut, c'est vrai, difficilement profiter de Cosmopolis si on ne veut pas se prendre la tête avec toute la théorie économique qui y est développée. Pour bien le saisir j'aurais même tendance à penser qu'il demande plusieurs visionnages, voire mieux lire le livre duquel il est adapté (je sais que moi je l'ai ajouté à ma très longue liste de bouquins à lire). Mais c'est un discours qui mérite d'être entendu et qu'il faut se donner la peine de comprendre malgré la barrière un peu rugueuse de la rhétorique Cronenbergienne.
legoutdelautre
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le 2 juin 2012

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