Dix ans après la sortie du Parrain 2, Francis Ford Coppola replonge dans le milieux mafieux qui l'a consacré. En adaptant le roman homonyme de Jim Haskins, le cinéaste a pour idée de traiter d'une époque et non, comme avec la saga du Parrain, d'un siècle entier. Cotton Club se veut moins ambitieux, plus posé, plus léger aussi, comme l'attestent les nombreuses scènes de représentations musicales avec lesquelles le metteur en scène se fait plaisir. N'hésitant pas à les multiplier, comme pour mieux les faire apprécier, le réalisateur fait de la musique le pivot de sa narration, le point essentiel de son histoire. Le choix du club n'est pas anodin, le récit utilise cette place forte du vice et du spectacle pour retranscrire une période : la grande dépression. Au crépuscule de la prohibition, le Cotton Club concentre tous ses symptômes : règlements de compte, ségrégation, passation de pouvoir, réunions politiques, auxquelles s'ajoutent les tranches de vies inhérentes au lieu : conflits amoureux, jeu de séduction, spectacles de cabaret, bagarres de voyous.

Cette série d'intrigues croisées, principale idée de la narration, se fait côtoyer une galerie de personnages assez impressionnante. Du grand gangster à l'artiste noir, de l'homme de main à la tenancière de cabaret, du pianiste à l'acteur de cinéma en passant par le jeune truand ambitieux : tout le monde passe au Cotton Club. Le casting qui est derrière est juste parfait : Bob Hoskins, savoureux en parrain de la mafia donne la réplique à un Richard Gere convaincant en trompettiste d'exception. James Remar, qui cabotine un peu, amuse en chien fou incontrôlable. La distribution fait notamment place à des acteurs en devenir qui voient, dans ce long-métrage, une manière de se faire les dents : on croise notamment Nicolas Cage, le neveu du cinéaste, ou bien Laurence Fishburne, déjà entrevu dans Apocalypse Now, ainsi que d'autres têtes bien connu du petit ou du grand écran actuel. Cette distribution, impeccable, est une preuve supplémentaire de l'ambition du metteur en scène de narrer le quotidien de différents cabarets attestant d'un lieu, d'un âge, d'une certaine Amérique. Ce réalisme apporte une sympathie immédiate pour les personnages, pour leurs enjeux aussi, auxquels on devient vite réceptif.

A vrai dire on s'y plaît bien dans ce club, son atmosphère musicale, alternant le jazz, les claquettes et les balades chantées est un plaisir pour les oreilles. Et son ambiance, fumeuse, arrosée, nous immerge totalement. On oublierait presque les fusillades, les assassinats, les menaces de morts, la faute au tempo du film, routinier, répétitif, qui donne une impression de narration épisodique, à la manière d'une série télé. Du coup ça traîne en longueur, parfois, ça souffre de l'absence d'enjeux majeurs, souvent. Pas de quoi bouder son plaisir cependant, malgré le manque de profondeur de certaines trames, à trop vouloir s’éparpiller, tout rentre à sa place une fois le portait terminé. Dès lors, une fois l'établissement fermé, on a bien qu'une envie, c'est de vite y retourner.
Nicolas_Chausso
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le 22 juil. 2013

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